Lu pour vous... à la Documentation française : trois ouvrages sur la mondialisation

La chronique de Myriam Lemaire, et le point de vue de Michel PÉBEREAU, de l’Académie des Sciences Morales et Politiques
Avec Myriam Lemaire
journaliste

Fréquemment employé, que recouvre le terme de mondialisation ? Que signifie-t-il et quelles sont ses implications ? Pour permettre aux lecteurs de mieux comprendre ce phénomène, La Documentation française a récemment publié trois ouvrages : « Parlons mondialisation en 30 questions », « Mondialisation, un mythe ? », « La France mondialisée ? ». Myriam Lemaire les a lus pour vous et a interrogé Michel Pébereau, de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, ancien président de BNP Paribas qui donne son point de vue. A écouter ici.

Émission proposée par : Myriam Lemaire
Référence : vue528
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Confrontés aux délocalisations d’entreprises, à la montée du chômage et depuis 2008 à la crise économique la plus grave depuis les années 1930, un grand nombre de Français et d’Européens se sentent fragilisés par la mondialisation. Ils s’interrogent sur ce phénomène et se demandent si cette crise n’est pas imputable à la mondialisation.

Certains économistes et responsables politiques dénoncent les effets de la mondialisation, allant jusqu’à prôner une « démondialisation ». Dans ce contexte économique et politique, il est utile de mieux comprendre ce qu’est la mondialisation, les réalités qu’elle recouvre, les conséquences présentes et à venir de ce phénomène.

Trois ouvrages récents de La Documentation française contribuent à cette pédagogie et à éclairer les débats.


« Parlons mondialisation en 30 questions »

Ce petit livre d’Eddy Fougier, politologue et chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), publié dans la nouvelle collection Doc’en poche-entrez dans l’actu, lancée en 2012, propose une présentation rapide et claire de la mondialisation et apporte des informations précises, factuelles et chiffrées sur ce phénomène qui concerne aujourd’hui de nombreux aspects de notre vie quotidienne.

Dans le bref Panorama, l’auteur s’attache à définir les concepts de mondialisation et de « globalisation ». Il souligne que la mondialisation n’est pas un phénomène nouveau, rappelant qu’une première mondialisation se serait déroulée de 1870 à 1914. Il analyse les idées reçues et les craintes suscitées par la mondialisation. Celle-ci a produit « un choc, sans doute aussi fort que celui provoqué par la Révolution industrielle au cours du XIXe siècle » car elle remet en cause les situations et rapports de force au sein des sociétés. D’où un débat « particulièrement vif et idéologique » entre les partisans et les opposants.

Selon l’auteur, « la mondialisation constitue un facteur de prospérité mais elle soulève de nombreuses questions sur les conséquences négatives qu’elle induit et sur la répartition des richesses générées. L’interrogation porte sur la régulation de ce processus et le décalage de plus en plus notable dans l’espace et le temps, entre l’État-Nation et la globalisation des marchés et des défis. L’enjeu le plus délicat est la façon dont, dans les années à venir, les Occidentaux vont accepter leur déclin, voire leur appauvrissement relatif, face aux économies émergentes et de partager leur position dominante dans le système économique et politique international ».

Au travers de 30 questions-réponses, ce livre donne des clés pour comprendre ce qu’est la mondialisation et ses implications.

Au-delà de la globalisation économique et financière, sont abordés les différents aspects de la mondialisation : le choc des civilisations et le village global, le réchauffement climatique, les migrations, les risques de conflits, les risques sanitaires, la sous-alimentation, la criminalité transnationale, l’américanisation culturelle, les conséquences pour la démocratie…

Sont analysés aussi les opportunités et les menaces, les bienfaits et les méfaits de la mondialisation. L’auteur dresse un état des lieux des gagnants et des perdants. Il présente les arguments des opposants à la mondialisation et évoque la difficile mise en place d’une gouvernance mondiale.

- Parlons mondialisation en 30 questions , Eddy Fougier, dans la collection Doc’ en poche-entrez dans l’actu, 96 pages, 11 x 18 cm, 5,90 €.

- Autres ouvrages :

Parlons nucléaire en 30 questions, Parlons impôts en 30 questions, Parlons immigration en 30 questions, Parlons sécurité en 30 questions, Le Président de la République en 30 questions, France 2012, les données clés du débat présidentiel.

« Mondialisation, un mythe ? »

Cette revue de la collection Problèmes économiques permet aux lecteurs d’approfondir leur réflexion sur la mondialisation. Elle propose un éclairage à travers une sélection de sept articles issus de la presse française et étrangère. Journalistes et universitaires de différentes nationalités livrent leurs analyses des problèmes et donnent des points de vue contrastés sur les débats en cours.

« La crise met-elle en péril la mondialisation ? »

Dans cet article, Gideon Rachman, journaliste au Financial Times, constate que la mondialisation a résisté au choc de la crise et que le retour du protectionnisme ne s’est pas produit. Mais, dans les économies avancées, la critique de la mondialisation a rejailli avec vigueur, y compris dans les discours de responsables politiques, comme le Président des États-Unis. L’Occident se sent fragilisé face aux puissances émergentes.

Pour Sandra Moatti, rédactrice en chef adjointe d’Alternatives économiques, la crise de 2008 a montré à la fois l’intensité et la vulnérabilité de la mondialisation. Après un repli spectaculaire du commerce mondial et des investissements directs étrangers (IDE), les échanges extérieurs ont repris dès 2010. Mais la réversibilité de la mondialisation est devenue pour certains une alternative plausible.

Un encadré est consacré à « Walden Bello, inventeur du concept de démondialisation », qui milite pour une nouvelle organisation de l’économie mondiale et conteste le rôle joué par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

A lire aussi le débat entre Daniel Cohen et Jacques Sapir, deux économistes dont les avis divergent et qui avancent chacun des arguments contrastés sur le thème « la mondialisation est-elle coupable ? ».

Des mythes sont dénoncés à propos de la mondialisation. Pour Pankaj Ghemawat, auteur de World 3.0, professeur de stratégie à Barcelone, les frontières ont la vie dure et l’on surestime les niveaux d’intégration entre États. Selon lui, nous vivons plutôt une ère de semi-mondialisation. « Le monde n’est pas plat », conclut-il.

Autre mythe évoqué par Nayan Chanda, de l’Université de Yale, celui de l’américanisation de la planète. Avec le retour de la Chine et de l’Inde qui pourraient devenir les grandes puissances de demain, il prédit que « bientôt, la mondialisation pourrait être appelée asiatisation ».

En complément, la revue propose des cartes et graphiques qui éclairent la géographie de la mondialisation. Également dans ce numéro des articles sur le marché du pétrole, l’agriculture dans le monde, l’échec scolaire en France.

- Mondialisation, un mythe ? , Collection Problèmes économiques, nouvelle formule. N° 3038, 29.02.2012, bimensuel, 64 pages, 4,70 €.

- Numéros récents :
N° 3037 : Chine : le temps des périls
N° 3039 : Quelle fiscalité pour demain ?
N° 3040 : Le déclin industriel
N° 3041 : Russie, le tournant ?
N° 3042 : Le numérique, créateur d’emplois ?
N° 3043 : L’art et le marché.

« La France mondialisée ? »

Dans ce contexte de mondialisation qui a abouti à une vaste redistribution des cartes et à des mutations dans l’ensemble du monde, où en est la France ? Quelle est désormais sa place dans le monde ? Comment s‘est-elle adaptée à la mondialisation ? Quels sont les impacts de la mondialisation sur son économie, son modèle social, ses territoires, sa culture, sa diplomatie ?

Doit-elle se fondre dans un monde global ou jouer sa propre carte ?

Ce dossier des Cahiers français propose une analyse qui permet de mieux comprendre les raisons du malaise de la France dans la mondialisation. Cinquième puissance économique dans le monde, elle dispose de puissants atouts mais apparaît incertaine face aux défis nouveaux et aux évolutions qu’elle doit opérer.

Ce dossier met l’accent sur les interrogations identitaires et sur la dimension culturelle. Il apparaît que si la position de la France reste forte en ce domaine, les industries numériques, y compris dans le secteur de l’édition, sont une menace pour l’exception culturelle française. Une autre menace résulte de l’influence exercée par les classements internationaux des universités dont les conséquences peuvent être néfastes.

A lire également dans ce numéro des articles sur la loi Hadopi, le mouvement des « Indignés », les médicaments après l’affaire du Médiator.

-
La France mondialisée ?
, dans la collection Cahiers français – nouvelle formule. N° 367, mars-avril 2012, dossier réalisé par Philippe Tronquoy, 96 pages – 9,80 €.

- Numéros récents :

- N° 366 – Pays riches, États pauvres
- N° 368 – L’école en crise ?

Le point de vue de l’académicien, Michel Pébereau

Michel Pébereau, de l’Académie des sciences morales et politiques, ancien président de BNP Paribas, donne son point de vue sur la globalisation, terme qu’il préfère à celui de mondialisation. Il souligne que le développement des échanges internationaux a été le moteur du développement économique et du progrès social dans les pays avancés, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et qu’« il est aujourd’hui le principal ferment de développement économique pour notre planète dans les années à venir ». Évoquant la question de la régulation du système financier au niveau mondial, Michel Pébereau rappelle le processus engagé au sein du Comité de Bâle dans les années 1980 et l’adoption de ratios de solvabilité. Cette régulation est nécessaire pour assurer la sécurité financière. Mais en l’absence d’institution internationale spécialisée, les règles sont mises en place par des concertations entre les régulateurs.

A propos de la place de la France, il se montre optimiste sur sa capacité à s’adapter à la mondialisation. Mais il insiste sur les conditions indispensables pour relever le défi : compétitivité du territoire national et du travail français, exploitation des avantages comparatifs de la France qu’il juge considérables.

Michel Pébereau à Canal Académie
© Canal Académie

- Écoutez les émissions de Michel Pébereau sur Canal Académie :

La mondialisation selon Michel Pébereau : une obligation !
L’Essentiel avec... Michel Pébereau, de l’Académie des sciences morales et politiques

- La chronique science-fiction de Michel Pébereau

- Consultez la fiche de Michel Pébereau sur le site de l'Académie des sciences morales et politiques

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En savoir plus :

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