Science-Fiction par Michel Pébereau : Nicholas Eymerich Inquisiteur , Les chaînes d’Eymerich et Le Chateau d’Eymerich , de Valerio Evangelisti

Enquête au temps de l’Inquisition ...
Michel PÉBEREAU
Avec Michel PÉBEREAU
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

C’est une série bien particulière que nous présente aujourd’hui Michel Pébereau, dans sa chronique Science Fiction. Dans Nicholas Eymerich, le lecteur découvre sous la plume de Valerio Evangelisti les aventures d’un détective du XIIIe siècle, véritable Sherlock Holmes de l’ Inquisition qui, armé de sa foi et de sa seule discipline, compte bien mettre à mal hérésies et complots diaboliques visant la Sainte Eglise. Grâce à une écriture efficace et à une intrigue haletante, Valerio Evangelisti offre un roman qui révolutionne la littérature de science-fiction, où se mêlent histoire, enquête et horreur. Canal Académie vous le fait découvrir.

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Nicholas Eymerich a existé. C’était un dominicain qui a été nommé Inquisiteur d’Aragon en 1357, et qui est l’auteur d’un traité sur l’inquisition. Valério Evangelisti lui a donné une seconde vie en imaginant les enquêtes extraordinaires qu’il aurait pu conduire au service de la vraie foi.
Il y mêle des évènements d’un futur plus ou moins lointain qui auraient pu interférer avec les problèmes que son héros avait à traiter au XIXe siècle : une expédition spatiale du XXIIe siècle pour le premier ouvrage, des recherches de savants nazis du XXe siècle pour le deuxième et le troisième, conférant ainsi à ses récits une dimension de Science Fiction.

Dans Nicholas Eymerich Inquisiteur, on découvre l’irrésistible ascension d’Eymerich à un poste suprême d’Inquisiteur général, et son enquête sur une secte païenne s’adonnant dans le secret au culte de Diane. Dans Les chaînes d’Eymerich, il doit faire face à une résurgence du catharisme en Savoie.
Dans Le château d’Eymerich, il a à régler un conflit contre deux demi-frères qui se disputent le royaume de Castille, dans un château de Monteil, assiégé par l’un avec le concours de Du Guesclin, et défendu par l’autre. Un château à l’architecture extraordinaire, foisonnante et inquiétante, dont le sous-sol est parcouru par un véritable réseau de souterrains, où cohabitent chrétiens, juifs et mahométans et où se déchaînent les pouvoirs de la Kabbale, et la magie noire de dominicains dévoyés, les « cinq de Gérone ».

Le personnage de Nicholas Eymerich est fascinant, inoubliable. Ce dominicain est ambigu, à la fois attirant et repoussant. Très intelligent et rationnel, il est entièrement dévoué à sa mission et ne dévie jamais des règles de son ordre : il est toujours juste.
Mais il est froid, inhumain, et si nécessaire cruel, convaincu de la légitimité et de l’efficacité de la torture. Il est au service de l’Eglise de son époque et convaincu que celle-ci doit exercer un contrôle total sur les esprits. Les enquêtes qu’il conduit, sans relâche et sans faiblesse, sont passionnantes, pleines de rebondissements, dignes des meilleurs romans policiers.
L’accusateur est parfois lui-même placé en situation d’accusé ; mais son intelligence, son habilité, sa conviction de servir le bien et son refus de toute compromission effective, sa foi sans faille, lui permettent en général de triompher.

Valério Evangelisti est né en 1952 à Bologne, une ville, dit-on, docte grâce à son université du XIIe siècle, et rouge, car longtemps gérée par le Parti Communiste. Doté d’une maîtrise de sciences politiques, il enseigne l’histoire, et conduit des recherches sur les courants de gauche et d’extrême gauche italiennes aux 18ème et 19ème siècles.
Ne réussissant pas à se faire nommer professeur, il change de vie et se met à la littérature populaire à la fin des années 80. Il s’identifie au personnage d’Eymerich qu’il crée au point d’avoir à recourir à la psychothérapie. Mais le succès vient justifier l’épreuve. Son Nicholas Eymerich Inquisiteur est publié en 1994. Il séduit rapidement les milieux de la science fiction italienne. Au total, entre 1994 et 1998, il consacre à son héros six romans dont certains sont publiés en feuilletons dans de grands journaux avant de faire l’objet d’éditions reliées, ainsi qu’un recueil de nouvelles.
Il est très rapidement traduit en France où il rencontre un considérable succès. Avant lui, la science-fiction italienne ne comptait que deux auteurs connus hors de la péninsule : Ugo Malaguti et Lino Aldani.

Les deux premiers romans, traduits en France dès 1998, étaient épuisés aux Éditions Rivage, et avaient été réédités par Pocket. Les Éditions La Volte ont eu la bonne idée de les rééditer en accompagnement de la traduction du Château d’Eymerich, inédit en français.

Valerio Evangelisti
Nicholas Eymerich Inquisiteur
(202 pages - 18 €)
Les chaines d’Eymerich
(247 pages - 18 €)
traduits de l’italien par Serge Quadruppani
Le château d’Eymerich
traduit de l’italien par Sophie Bajard
(374 pages - 20 €)
Éditions La Volte

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