Jacques Paviot : L’idée de croisade à la fin du Moyen Âge

Une communication prononcée à l’Académie des inscriptions et belles-lettres
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Comment parler de la croisade de la fin du XIIIe siècle au XV e siècle à partir des sources ? Jacques Paviot de l’université de Paris-XII, médiéviste spécialiste des croisades, de l’histoire maritime, de l’expansion portugaise mais aussi de la Bourgogne a traité de l’idée de croisade à la fin du Moyen Âge, lors du colloque international Les projets de croisades et leurs objectifs XIIIe-XVIIe siècles qui s’est déroulé à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en juin 2009.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : col559
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L’historien Jacques Paviot à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 12 juin 2009
© Piero d’Houin


Le mot croisade apparaît à la fin du XIIIe siècle dans les langues européennes, même s'il est déjà connu en castillan. Il fait son apparition en latin vers 1380 et en français en 1475. À l'époque nul besoin de le définir, on parlait de «saint voyage» et de « saint passage». Il était synonyme de libération et de reconquête des Lieux saints et dans une tendance plus universelle, de prédication. Ainsi l'héritage de la Terre sainte fut une notion clef chez les chroniqueurs du Moyen Âge dès 1290 chez Fidence de Padoue. Au XIIIe siècle, les ordres mendiants reçurent pour tâche de prêcher la croisade. Dans les textes qui nous sont parvenus de Raymond Lulle, de Philippe de Mézières, du grand maître de l'Hôpital Foulque de Villaret, de Fidence de Padoue ou encore de Jean Germain, l'historien Jacques Paviot nous parle de la théorie de deux glaives, de la réaction aux injures, du thème du sang versé par la Christ et par les Sarrazins, de la prophétie et des justifications de la croisade données par ces différents auteurs. Jacques Paviot pense qu'en effet, qu'à cette époque on ne pensait pas la croisade comme une guerre sainte, sources à l'appui. Seul Fidence de Padoue s'est intéressé à la nature de la guerre qu'il fallait mener.

Jacques Paviot rappelle que le grand penseur musulman Ibn Khaldun, dans la Muqqadina, pensait que la guerre sainte n'est pas une institution religieuse chez les chrétiens car le but du christianisme n'est pas la domination universelle. «La croisade à la fin du Moyen Âge est donc conçue seulement comme formelle, ce qui lui permit, après la chute des États latins d'Orient, de se perpétuer dans les siècles futurs».

En savoir plus

- Académie des inscriptions et belles-lettres
- Programme du colloque : Les projets de croisades et leurs objectifs XIIIe-XVIIe siècles, 12 et 13 juin 2009, Académie des inscriptions et belles-lettres et Fondation Simone et Cino del Duca

- Jean Richard : Le royaume de Chypre face aux projets de croisades

- Casa de Vélasquez

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