Le Nouveau Roman de l’Elysée de François d’Orcival de l’Académie des sciences morales et politiques

Récit de trois siècles d’histoires, de madame de Pompadour à Nicolas Sarkozy
Avec Laëtitia de Witt
journaliste

Dans cette émission, François d’Orcival, familier de l’Elysée depuis plus de trente ans, nous invite à un voyage dans la grande et la petite histoire de ce palais où se mêlent drames et histoires d’alcôve... L’académicien des sciences morales et politiques excelle à nous conter les heurs et malheurs d’une résidence exceptionnelle.

Émission proposée par : Laëtitia de Witt
Référence : pag1085
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- Au début du XVIIIe siècle, l'actuel Faubourg Saint-Honoré n'est encore qu'une plaine. C’est là qu’en 1718, Henri de la Tour d’Auvergne, comte d’Evreux, décide d’ériger un hôtel de prestige à la suite de son mariage avec une riche héritière. La construction de l’hôtel est confiée à l'architecte Armand-Claude Mollet. Le gros œuvre est terminé en 1720, le décor en 1722. Sur un terrain de douze mille mètres carrés, prend place une demeure d’apparat donnant sur des jardins à la française, avec deux ailes de communs, les uns pour les cuisines, les autres pour les écuries. Cette ordonnance des lieux permettra toutes les adaptations souhaitées par les propriétaires successifs. D'importantes modifications seront réalisées selon la destination de l'édifice : hôtel particulier, demeure princière ou palais présidentiel, et au gré du goût des occupants et des modes.

- A la mort du comte d’Evreux, en 1753, Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour, soucieuse d'acquérir une demeure parisienne, l'achète. Le palais est alors en mauvais état, elle lance d’importants travaux, aménage, meuble... L’essentiel du décor actuel est l’œuvre de la marquise de Pompadour. A sa mort, la marquise lègue la résidence à Louis XV. Il est ensuite vendu pour retomber dans le domaine royal sous Louis XVI qui le vend à son tour en 1787 à sa cousine, la duchesse de Bourbon. L'hôtel prend alors le nom de sa propriétaire "Hôtel de Bourbon".
Pendant la Révolution et après l'arrestation de la duchesse en avril 1793, l'Hôtel de Bourbon connaît de nombreuses affectations.
En 1794, il accueille la Commission de l'Envoi des lois et l'Imprimerie du Bulletin des Lois, puis est transformé, quelques mois plus tard, en dépôt national de meubles provenant des saisies d'émigrés ou de condamnés. Libérée en 1795, la duchesse de Bourbon retrouve sa résidence parisienne en janvier 1797. Pour subvenir à ses besoins, elle met en location le rez-de-chaussée de l'hôtel et permet à son locataire, un négociant du nom d'Hovyn, d'organiser des bals populaires dans les salons et le jardin. C'est à cette époque que l'hôtel prend son nom d’Élysée. Exilée en Espagne, la duchesse de Bourbon vend l'hôtel aux enchères et les Hovyn se portent acquéreurs. En 1805, la fille d'Hovyn se voit contrainte à la vente pour faire face à ses dettes.

Joachim Murat, maréchal de France, prince d'empire achète l’Élysée en 1806. Il y réside avec son épouse, Caroline, sœur de l’empereur, pendant deux ans. Caroline Murat y fait de nombreux travaux et aménagements, dont le salon Argent qui sera par la suite témoin d’événements majeurs de notre histoire. Avec Caroline Murat, l'Élysée connaît sa première histoire d’alcôve, digne du théâtre de boulevard. La sœur de l’empereur s’est en effet entichée de Junot, alors gouverneur de Paris et époux de Laure, amie de Caroline… En 1808, Murat est nommé roi de Naples. L’Élysée revient à Napoléon. Son histoire sera désormais liée à l'histoire de France.
L'empereur y résida du 1er mars 1809 jusqu'à son départ pour la campagne d'Autriche. Il y reviendra en 1812 juste avant la campagne de Russie. C’est à cette époque qu’il fait aménager des appartements pour son fils, le roi de Rome au second étage. L'Élysée fut aussi le témoin des heures les plus sombres de l'Empire. En 1815, Napoléon y signa son abdication. Après la chute de l’Empire, le palais servit de résidence au tsar Alexandre durant l'occupation de Paris par les Alliés et au duc de Wellington en novembre 1815.
- En 1816, Louis XVIII attribua l'Élysée à son neveu et héritier, le duc de Berry. Celui-ci y passa sa nuit de noces lors de son mariage avec Marie-Caroline de Bourbon-Sicile. Y verra-t-on naître l’héritier de la couronne ? Eh bien non, le 13 février 1820, le duc de Berry est assassiné, son épouse quitte le palais le soir même et refusera d’y retourner. Le futur comte de Chambord naît en septembre 1820 aux Tuileries. Quelques années plus tard, en 1873, l'Élysée l’attend mais son refus d’abandonner le drapeau blanc ruine toute restauration monarchique et éloigne à jamais le comte de Chambord de l’Élysée, dorénavant républicain !

- C’est le 12 décembre 1848 que l'Assemblée nationale fixe par décret l'"Élysée National" comme résidence au Président de la République. Le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, tout juste élu, s'y installe le 20 décembre 1848. Après y avoir préparé le coup d’État du 2 décembre 1851, le prince-président s’installe aux Tuileries en 1852, année du rétablissement de l’Empire. Le palais reprend alors sa tradition d’accueil des souverains étrangers. Y séjourneront le Tsar Alexandre II, le Sultan de Turquie Abdul-Aziz et l'Empereur d'Autriche François-Joseph…

- Après la chute de l'Empire, sous la Commune, le palais de l'Élysée ne subit aucun dommage. A partir de 1873, il devient la résidence officielle de tous les présidents de la République. Des anecdotes plus ou moins dramatiques se rapportent au passage de chacun.
- Félix Faure y mourut soi-disant d’une crise cardiaque le 19 février 1899, en pleine affaire Dreyfus. Il s’agit en fait d’une des plus belles énigmes policières du siècle impliquant une certaine madame Steinheil… Pendant la Première Guerre Mondiale, les conseils de guerre de Raymond Poincaré se tiennent « salon du Capharnaüm », en référence au désordre politique. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, l'Élysée devient le salon du naufrage avec le départ d’Albert Lebrun en pleine défaite de 1940. Mais c’est sous la Ve République, avec le général de Gaulle que l'Élysée devient le siège du pouvoir. Le général y installe en effet l’exécutif de la Ve République d’où l’aménagement de nombreux bureaux. C’est aussi de l'Élysée qu’il assiste, sans les comprendre, aux événements de mai 1968 qui d’ailleurs amèneront sa retraite l’année suivante. Avec son successeur, Georges Pompidou, la maladie pénètre dans le palais mais aussi la modernité. Lui et son épouse, Claude, font appel à des artistes contemporains pour décorer ou meubler certaines pièces (salle-à-manger Paulin). Avec le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, c’est un retour au classicisme de madame de Pompadour, avec tout de même une innovation majeure : l’installation du PC nucléaire à l'Élysée. Sous François Mitterrand, le palais est essentiellement un lieu de pouvoir, il ne l’habite pas. Ses collaborateurs ont d’ailleurs investi le palais, l’un d’eux, François de Grossouvre s’y donne la mort le 7 avril 1994.

- Finissons par un événement heureux. Le 2 février 2008, pour la première fois, un président de la République s’y mariait. C’est dans le salon vert, où le matin même il réunissait un conseil spécial sur l’Afghanistan, que Nicolas Sarkozy épousait Carla Bruni.

-Présentation de l’éditeur :

Après le succès exceptionnel des deux premières éditions de
ce Roman de l’Élysée, salué par la critique et les médias, par
deux anciens présidents de la République, Jacques Chirac et
Valéry Giscard d'Estaing, et par Roland Dumas, ancien
ministre de François Mitterrand, voici une édition
complètement renouvelée et enrichie, à partir d'archives
inédites et de témoignages oubliés. Deux siècles séparent le
mariage de Carla et la nuit de noces de la duchesse de Berry.
Mais l'un et l'autre se sont passés à l'Élysée. Ce palais, bâti
sous la Régence, meublé par la marquise de Pompadour,
épargné par la Révolution, propriété du roi, de l'empereur et de
la République, est celui de toutes les histoires de France, de la
grande comme de la petite. Il en a vécu les pages les plus
dramatiques : l'abdication de Napoléon Ier, le coup d’État du
futur Napoléon III, les conseils de guerre de Raymond
Poincaré en 14-18, le départ d'Albert Lebrun en pleine défaite
de 1940, et celui du général de Gaulle en mai 1968... Il a aussi
abrité les amours de Caroline Murat, sœur de l'empereur, la
mort romanesque de Félix Faure dans les bras de sa maîtresse,
le dernier coup de feu tiré par François de Grossouvre, l'intime
de François Mitterrand. C'est une maison militaire, avec ses
transmissions secrètes et son PC nucléaire souterrain. Ce fut
un palais occupé par le tsar de Russie en 1814, par les
Prussiens en 1871, les Allemands en 1940. Depuis que le
général de Gaulle l'y a établi en 1959, c'est le siège du
pouvoir. Six présidents de la République l'y ont conservé. Le
cœur de la France continue d'y battre. En voici le roman, mais
tous les personnages, les décors, les intrigues, y sont
authentiques.

L'auteur

Familier de l’Élysée, journaliste et historien, éditorialiste à
Valeurs actuelles et au Figaro Magazine, François d'Orcival
est membre de l'Académie des sciences morales et politiques.

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