Le Collège de France aujourd’hui et depuis cinq siècles

par Michel Zink, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, professeur au Collège de France
Michel ZINK
Avec Michel ZINK de l’Académie française,
Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

Michel Zink, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, professeur au Collège de France, a relaté l’histoire et l’esprit de cette haute institution et en a présenté l’actuelle situation, le 19 janvier 2009, lors de la séance de l’Académie des sciences morales et politiques. Celle-ci est placée, pour 2009, sous la présidence de Jean-Claude Casanova qui a proposé pour thème annuel de réflexion : "Université, science et recherche dans la France d’aujourd’hui".

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Michel Zink

Sur le blason du Collège de France, institution aussi ancienne que prestigieuse, s'inscrit cette devise : docet omnia, il enseigne toutes choses.
Depuis sa fondation, en 1530, à l'initiative de Guillaume Budé et de Marguerite de Navarre, sœur du roi François Ier, le Collège de France a peu changé. Il a échappé à toutes les réformes « et cela l'a sauvé » affirme Michel Zink ! Il comptait alors six professeurs, il en compte aujourd'hui 52 dont neuf de nationalité étrangère. Voilà tout de même un changement notoire.

Cette devise souligne la vocation de cette institution : enseigner librement. Non seulement les matières et les sujets librement choisis par les professeurs eux-mêmes, mais les idées et les découvertes des disciplines en gestation. « Enseigner librement la recherche en train de se faire », telle est la définition que le Collège aime donner de sa mission.

Car le Collège royal de François Ier était un lieu très libre, de par la protection royale, mais aussi et surtout parce qu'il n'y a jamais délivré de diplômes, de grades. Il n'a donc pas à se soumettre à un programme ou à un cursus, comme les universités.
Il est ouvert à tous, gratuit, sans inscription, et aujourd'hui, il est placé sous la protection du chef de l'Etat.

Les six premières chaires du Collège de France (hébreu, grec, mathématiques) montrent bien son attachement aux grandes avancées du savoir, son ouverture aux curiosités, aux audaces de l'esprit (car à l'époque, l'hébreu n'était pas enseigné, le grec était redécouvert, et les mathématiques aussi). En 1646, furent créées des chaires d'arabe, de persan, de turc. En 1814, de langues chinoises et mandchoues. En 1831, c'est Champollion qui tient la chaire d'archéologie...

Actuellement, le Collège compte 52 chaires ordinaires dont 23 en mathématiques, physiques et naturelles ; neuf en sciences philosophiques et sociologiques ; 16 en sciences historiques, philologiques et archéologiques. Plus quatre chaires annuelles "tournantes" dont la toute récente « Savoir contre pauvreté ».

Le Collège de France

Une chaire est créée en fonction du professeur. Quand une chaire devient vacante, on cherche un savant (nul ne se présente, on est sollicité) et l'assemblée des professeurs se prononce sur ce choix en cooptation. Il n'y a donc pas de continuité des chaires.
Une seule obligation pour les professeurs : chaque cours doit être nouveau.

Chaque professeur assure entre 18 et 26 leçons (selon qu'il dispose ou non d'un laboratoire). Lesquelles leçons sont publiées dans un Annuaire annuel. Les leçons inaugurales sont également publiées (par Fayard). Les cours font souvent l'objet de livres, sont quelquefois retransmis par la radio France-Culture .
Le public qui fréquente le Collège de France se compose pour 2/3 d'auditeurs à la retraite et pour 1/3 de spécialistes des sujets abordés, soit environ 150.000 personnes par an.
Michel Zink souhaite que le Collège puisse attirer plus d'étudiants, de doctorants et de post-doctorants ; il faudrait pour cela que l'assiduité aux leçons soit validée d'une manière ou d'une autre sur les diplômes universitaires.

Michel Zink a terminé sa communication en présentant quelques unes des difficultés et menaces qui pèsent sur le Collège de France : sa crainte d'être intégré au système universitaire ; sa difficulté à faire valoir sa singularité ; son public à rajeunir ; ses relations avec les grandes écoles à établir. Le Collège de France doit résister aux sirènes de la vulgarisation, son but n'étant pas de se mettre à la portée de l'auditoire mais plutôt que l'auditoire s'adapte à la hauteur du cours dispensé. Il doit également ne pas céder à la tentation de tout mesurer en termes quantitatifs. Et ne jamais renoncer à son rôle de mémoire.

En savoir plus

S'informer sur le Collège de France, son histoire, son organisation :
http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/college/

Mieux connaître Michel Zink :
http://www.aibl.fr/membres/academiciens-depuis-1663/article/zink-michel?lang=fr

Lire le texte de sa communication sur le site de l'Académie des sciences morales et politiques : http://www.asmp.fr/travaux/communications/2009/zink.htm
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: Précisons que certains cours des professeurs au Collège de France qui sont académiciens sont retransmis sur Canal Académie. En cliquant sur l'onglet "les académiciens", vous trouverez une liste des académiciens-professeurs au Collège de France, actuels ou honoraires, pour lesquels Canal Académie vous propose une (ou plusieurs) émissions.

Etienne-Emile BAULIEU
Jean-Pierre CHANGEUX
Claude COHEN-TANNOUDJI
Yves COPPENS
Gilbert DAGRON
Stanislas DEHAENE
Mireille DELMAS-MARTY
Jean DELUMEAU
Anne FAGOT-LARGEAULT
Marc FUMAROLI
Jacques GERNET
Jacques GLOWINSKI
Nicolas GRIMAL
François GROS
François JACOB
Henry LAURENS
Nicole LE DOUARIN
Xavier LE PICHON
Emmanuel LE ROY LADURIE
Jean LECLANT
Jean-Marie LEHN
Henri LERIDON
Claude LEVI-STRAUSS
Jean-Claude PECKER
Paul PELLIOT
Roland RECHT
Louis ROBERT
Jacqueline de ROMILLY
Philippe SANSONETTI
Jacques TITS
Michel ZINK

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