Jacques de LACRETELLE

de l’Académie française,

Né à Cormatin (Saône-et-Loire), le 14 juillet 1888. Fils du consul de France à Alexandrie, Jacques de Lacretelle passa une grande part de son enfance à l’étranger, au gré des postes diplomatiques occupés par son père. A la mort prématurée de celui-ci, l’éducation de Jacques de Lacretelle fut confiée à son grand-père. Pierre-Henri de Lacretelle, poète, ancien député et ami de Lamartine. Il poursuivit ses études à Jeanson-de-Sailly, où il fut l’élève d’André Bellessort. Avant qu’éclatât la Première Guerre mondiale, il avait fait un séjour à Cambridge. Envoyé sur le front de l’Argonne, il fut contraint, pour raison de santé, de regagner l’arrière. Il se consacra dès lors à la littérature. Après La Vie inquiète de Jean Hermelin (1920), son second roman, Silbermann, couronné par le prix Femina en 1922, allait connaître un immense succès. Il y touchait à certains tabous psychologiques et sociaux. Romancier d’analyse, maîtrisant, avec un style parfaitement et élégamment classique, Jacques de Lacretelle n’hésitait pas à traiter de sujets fort osés pour l’époque, comme il le prouva avec son ouvrage suivant, La Bonifas (1925). Son œuvre, inquiète sinon pessimiste, comporte de nombreux titres dont il faut retenir principalement : L’Âme cachée (1928), Quatre études sur Gobineau (1928), Amour nuptial (1929), Histoire de Paola Ferrari (1929), Le Demi-dieu ou le Voyage en Grèce (1931), Les Hauts-Ponts, roman en plusieurs tomes (1932-35), L’Écrivain public (1936), La Vie privée de Racine (1939), Le Pour et le Contre (1946), Deux Cœurs simples (1952), Les Maîtres et les Amis (1959), La Galerie des amants (1963), L’Amour sur la place (1974), Les Vivants et leurs ombres (1977), Quand le destin nous mène (1981), etc. Quatre mois après s’être vu enlevé le fauteuil Bourget par Edmond Jaloux, Jacques de Lacretelle fut élu à l’Académie française le 12 novembre 1936 au fauteuil d’Henri de Régnier, par 21 voix au troisième tour, contre 6 à Fernand Gregh. Il était le troisième du nom à être admis sous la Coupole, et il avait épousé une Mlle de Norois, descendante de Racine. Il fut reçu le 27 janvier 1938 par Abel Hermant. Maurice Martin du Gard assistait à sa réception, dont il fit le récit dans ses Mémorables : « Entre Paul Valéry et Georges Lecomte, ses parrains, on vit se lever un jeune homme ; il haussa des lunettes dont la claire et légère monture ne pouvait durcir le regard ; une voix autoritaire mais douce, rapide, allait nous entretenir du symbolisme et de Henri de Régnier qu’il remplaçait. Ce fut un éloge plein de délicatesse, abordant le poète — lisant quelques vers à l’occasion, non sans talent — le prosateur et l’homme incomparable qui avait autant de cœur que d’esprit. Lacretelle, confirmant pour le public le goût et la sincérité qui sont ses vertus, parla aussi de lui-même, évoquant le disciple qu’il fut, tout jeune, de son prédécesseur déjà illustre, et le bibliophile qu’il reste encore. » Âgé de quarante-huit ans au moment de son élection à l’Académie, Jacques de Lacretelle devait en devenir le doyen à la fois d’âge et d’élection, puisqu’il y siégea fort assidûment pendant quarante-huit ans. De haute taille, très soigné dans sa mise jusqu’en ses derniers jours, et avec des manières parfaites, il était l’exemple du gentilhomme de lettres et, d’une certaine manière, il donnait le ton à la Compagnie. Mort le 2 janvier 1985.

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