Les Cent Jours par la lorgnette royaliste

Avec l’historien Emmanuel de Waresquiel
Avec Laëtitia de Witt
journaliste

Dans Cent Jours, la tentation de l’impossible, Emmanuel de Waresquiel, spécialiste de l’histoire des idées au XIXe siècle, propose une nouvelle lecture de cette courte période de notre histoire. Il ne suit pas l’envol de l’Aigle, mais s’attable avec le roi de France à Gand. De là un récit vif, parfois pittoresque, visant à souligner combien ces cents jours sont au cœur de la complexité politique française. Une œuvre en dehors des sentiers battus, pour mieux cerner l’exil de Louis XVIII.

Émission proposée par : Laëtitia de Witt
Référence : hist514
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Il ne s’agit pas d’un jour mais de « Cent jours » dans l’histoire. Pas les cent jours, bien connus, du second et dernier règne de l’empereur Napoléon, mais les cent jours de « l’interrègne » royaliste. Notons au passage que nous devons l’expression « Cent jours », qui sont en réalité cent dix jours, au préfet de la Seine, Chabrol, venu accueillir Louis XVIII aux portes de Paris, le 8 juillet 1815 et qui, par ces mots, entend évoquer l’épisode qui s’inscrit entre le départ du roi, le 20 mars 1815, et son retour. Louis XVIII n’apprécia guère l’allusion à ce qui fut, pour lui, un nouveau « sauf qui peut ».
D’ailleurs, que sait-on de ce nouvel exil royal ? En définitive, peu de chose. Le spectacle n’était pas là mais du côté de l’empereur. Son soudain retour, suivi de sa chute tout aussi soudaine, ont monopolisé l’attention, que ce soit celle des écrivains (Balzac, Dumas, Hugo et même Aragon…) ou encore celle des historiens. D’Adolphe Thiers à Georges Blond, en passant par les propres détracteurs de Napoléon comme Hippolyte Taine, ils ne se sont intéressés qu’à lui. Sans oublier Dominique de Villepin, qui profita de l’épisode pour mettre en exergue sa notion de sacrifice en politique ! Ainsi, les Cent Jours sont bien ceux de Napoléon. En chassant Louis XVIII du trône, il réussit du même coup à faire tomber le roi et ses compères dans les oubliettes de l’histoire. Personne ne s’est intéressé aux perdants de ces Cent Jours. Et pourtant, n’ont-ils pas, eux aussi, beaucoup à nous apprendre ?
C’est ce que Canal Académie vous propose de découvrir en compagnie d’Emmanuel de Waresquiel, auteur de Cent Jours, la tentation de l’impossible, paru aux éditions Fayard.

Présentation de l'éditeur

« Rien dans l'histoire n'a ressemblé à ce quart d'heure », a écrit Victor Hugo. Il est vrai qu'en un peu plus de trois mois, on n'avait pas encore vu une telle bousculade de régimes et de dynasties, de serments prêtés et reniés, de passions, d'enthousiasmes et de peurs. Napoléon débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815 ; il est à Paris, le 20. Dans l'intervalle, le régime des Bourbons s'effondre comme un château de cartes. Louis XVIII quitte Paris pour l'exil en Belgique dans la nuit du 19 au 20 mars, avec sa cour, sa maison militaire et ses ministres. Trois mois plus tard, Napoléon, battu à Waterloo le 18 juin, abdique le 22. Le pays se dote le même jour d'un gouvernement provisoire sous la direction de Fouché. Le 3 juillet, Paris capitule devant les armées de la coalition. Louis XVIII rentre pour la deuxième fois dans la capitale, cinq jours plus tard.
Les contre-jours sont toujours éclairants car ils accentuent les ombres et les reliefs. Les Cent-Jours ne sont pas seulement ceux de Napoléon, mais aussi ceux du roi ; ils terminent moins l'Empire qu'ils n'inaugurent une sorte de second cycle de la révolution de 1789. Ce que l'on appela alors « la révolution de 1815 » porte en elle toutes les divisions françaises, toutes les révolutions à venir, celles de 1830, de 1848, de 1871.

L'auteur

Né en 1957, Emmanuel de Waresquiel est éditeur et historien, spécialiste de l'histoire des idées au XIXe siècle. Ancien élève de l'École normale supérieure et docteur en histoire, il est chercheur à l'École pratique des hautes études. Directeur de collection chez Larousse, il collabore régulièrement à la Revue des Deux Mondes et à Commentaire. Emmanuel de Waresquiel est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels : Le Duc de Richelieu, 1766-1822 (Perrin, 1990) ; Brèves machineries du silence (Le Cherche-midi, 1995) ; Histoire de la Restauration, 1814-1830, avec Benoît Yvert (Perrin, 1999) ; Le Siècle rebelle : Dictionnaire de la contestation au XXe siècle (Larousse, 1999) ; Talleyrand : Le prince immobile (Fayard, 2003/2006) ; La Poésie française à travers ses succès : Du Moyen Âge à nos jours (Larousse, 2004) ; Talleyrand ou le miroir trompeur (Somogy, 2005) ; Lettres d'un lion : Correspondance inédite du général Mouton, comte de Lobau, 1812-1815 (Nouveau Monde, 2005) ; L'Histoire à rebrousse-poil (Fayard, 2005), Un groupe d'hommes considérables : Les pairs de France et la Chambre des pairs héréditaire de la Restauration 1814-1831 (Fayard, 2006) ; Mémoires de la France : Deux siècles de trésors inédits et secrets de l'Assemblée nationale (L'Iconoclaste, 2006) ; et Mémoires et correspondances du prince de Talleyrand (Robert Laffont, 2007).

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