
Ré-apprendre à lire lentement avec Tania Mouraud
Ré-apprendre à lire lentement
Quand Tania Mouraud parle de ses lettres allongées, on l’écoute comme on regarde ses murs: lentement. Dans cet épisode, elle raconte comment, chez elle, l’art naît d’un rapport à l’espace et de l’idée qu’une phrase peut devenir architecture, qu’un texte peut se lire comme un paysage.
Le rythme du noir et du blanc
Elle évoque une commande du musée d’art contemporain de Nice, réalisée juste après les attentats de 2016 : une fresque monumentale de cinq mètres de haut, sur laquelle court une phrase en italien tirée de l’Opéra La Tosca : « Et maintenant l’heure s’est envolée et je meurs désespérée alors que j’aime tant la vie. » Cette œuvre, explique-t-elle, devait « joindre le musée à la douleur de la ville ». Pour en trouver la juste mesure, Tania Mouraud a compté les barres noires et blanches, travaillant selon la proportion du nombre d’or qu’elle utilise souvent dans son travail. Chez elle, la géométrie n’est jamais froide : c’est une manière de tenir debout face au chaos.
Des alphabets contre la guerre
Plus loin dans la conversation, elle parle du yiddish, cette langue « des femmes et des voleurs » qui n’appartient à aucun État. Elle y trouve un espace où l’art se dérobe à la guerre et au pouvoir.