Quand un religieux interprétait le flocon de neige

Étienne GHYS
Avec Étienne GHYS
Membre de l'Académie des sciences

Au XVIIIᵉ siècle, observer la neige, la rosée ou le brouillard, c’était encore lire dans le « grand livre du Créateur ». La lecture d’un extrait du Petit catéchisme de la nature de Johannes Florentius Martinet, pédagogue hollandais dont les ouvrages connurent un immense succès auprès des enfants, en offre un éclairant témoignage. On y découvre un moment charnière de l’histoire, où l’émerveillement religieux devant les phénomènes naturels prépare, sans le savoir, les premiers pas de la vulgarisation scientifique moderne.

Un catéchisme de la nature pour apprendre à s’émerveiller

Publié en 1777, le Petit catéchisme de la nature de Martinet s’adresse avant tout aux enfants. Sous forme de questions-réponses simples, il les initie aux phénomènes météorologiques, aux minéraux, aux saisons ou encore aux animaux. Chaque élément, un flocon de neige, une pierre, un arc-en-ciel, devient le point de départ d’un étonnement guidé, où l’observation concrète du monde s’accompagne d’une interprétation spirituelle. 

Entre théologie naturelle et science à venir

Johannes Martinet n’est pas un scientifique au sens moderne du terme. Pourtant, son œuvre marque une transition décisive entre la théologie naturelle héritée du XVIIᵉ siècle et les premières formes de vulgarisation scientifique. Derrière une apparente naïveté, se dessine une ambition pédagogique réelle : apprendre à regarder, nommer et comparer les phénomènes du monde. Les métamorphoses de l’eau (pluie, neige, grêle, rosée ou brouillard) fascinent autant qu’elles instruisent, et annoncent déjà une curiosité méthodique qui, détachée plus tard du cadre religieux, nourrira la science moderne. 

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