Mesrop Machtots, le moine qui inventa l’alphabet arménien

Étienne GHYS
Avec Étienne GHYS
Membre de l'Académie des sciences

Étienne Ghys reçoit Jean-Pierre Mahé, philologue et membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, pour raconter la naissance d’un alphabet pas comme les autres. Au Vᵉ siècle, en Arménie, un moine nommé Mesrop Machtots décide d’inventer une écriture pour son peuple, afin que chacun puisse lire les textes sacrés dans sa propre langue. Ce geste, à la fois spirituel et politique, va changer le destin du pays. L’épisode nous fait revivre cette aventure, de la formation des premières lettres à leur transmission. Une histoire de savoir, de foi et de liberté, qui montre comment un alphabet peut devenir le cœur battant d’une nation.

La naissance d’un alphabet pour une nation

Au début du Ve siècle, sous domination perse, le moine Mesrop Machtots entreprend un projet audacieux : doter l’Arménie d’un alphabet propre. Convaincu que la foi ne peut s’enraciner que par la lecture des textes sacrés dans la langue du peuple, il conçoit un système d’écriture complet adapté aux sons de l’arménien. Inspiré par des alphabets existants (grec, syriaque, perse) il crée un ensemble de 36 signes, rigoureusement ordonnés selon des principes phonétiques et graphiques. Cette invention, à la fois religieuse, linguistique et politique, symbolise la résistance culturelle d’un peuple cherchant à affirmer son identité face aux puissances étrangères.

Une écriture vivante, entre tradition et modernité

De la traduction de la Bible à l’imprimerie arménienne de Venise en 1511, l’alphabet devient un outil de transmission et un pilier de la culture arménienne. Loin d’être en péril, il demeure aujourd’hui un symbole national fort, étudié et célébré comme l’un des fondements de la civilisation arménienne. Entre esthétique des lettres, mémoire de l’exil et fierté linguistique, l’alphabet arménien incarne plus qu’un système d’écriture : une histoire, une résistance et une continuité.

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