Machiavel, toujours et encore

La chronique Lecture et relecture, de Jacques Rigaud
Avec Jacques Rigaud
journaliste

Niccolo’ Machiavelli est à l’honneur depuis quelques temps chez de jeunes auteurs. Jacques Rigaud nous propose une recension de deux ouvrages, qui brossent l’itinéraire du maître de la politique.

Émission proposée par : Jacques Rigaud
Référence : chr518
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Jacques Rigaud présente tout d'abord l'ouvrage de l’écrivain Christophe Bataille, intitulé Rêve de Machiavel (Grasset, 2008), et ensuite celui de l’historien Patrick Boucheron, Léonard et Machiavel (Verdier, 2008). Mais c’est à partir de son propre ouvrage, Le Prince au miroir, 1513-2007 (Arléa, 2007), que Jacques Rigaud commence sa chronique pour souligner l’« étonnante postérité et la constante actualité » de l’auteur du Prince (1513), et de nous proposer un retour cocasse aux dérivations multiples de son patronyme.

Chez Christophe Bataille, le chroniqueur contextualise le roman : la peste de 1527, qui déferle en Toscane, et la fuite du protégé de César Borgia pour la Savoie. Mais comment contextualiser alors même qu’aucune trace ne prouve une telle fuite dans le Nord ? Foin de référence historique, tout est fiction chez cet auteur né en 1971. Ce qui importe, ce sont les fantômes, l’absence de parole et le combat contre l’adversité du fléau historique : la peste. Dans un style « éblouissant », Bataille dévoile les maisons abandonnées et narre un Machiavel en quête d’une femme, dont les traits avaient déjà été décrits par Michelet. Mais bientôt, il la retrouve, la sauve des flammes du bûcher, et l’emporte dans un tourbillon d’amour pour un séjour en Savoie…

Le style de l’historien de Paris-I, Patrick Boucheron, (né en 1965), tranche avec le premier : « Tout est vrai » dans son œuvre. Le socle de références est certes remisé en fin d’ouvrage, mais la vérité transparaît à chaque ligne. Et comment n’en serait-il pas ainsi chez un historien ? Certes, dans ces 150 pages, « rien ne se passe ». Et pourtant, on s’interroge sur deux destins qui se croisent entre 1502 et 1504, Léonard de Vinci et Machiavel, et celui d’un troisième, en toile de fond, César Borgia. Mais voilà, l’exercice relève de la gageure. En effet, l’historien qui se frotte à ceux qui ont défié leur temps semble être de trop : les sources qui attesteraient des rencontres entre les deux génies font défaut. Reste que c’était sans compter sur l’astuce de Patrick Boucheron, qui a réussi à entrebâiller une fenêtre haut perchée, donnant voie au silence et permettant de l’interroger.

Écoutez l'émission avec Jacques Rigaud sur son ouvrage Le Prince au miroir Peut-on faire de la politique sans être machiavélique ?

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