Science-Fiction par Michel Pébereau : Prisonniers des étoiles, de Erik Franck Russell

Russell, un conteur qui allie liberté, humour et imagination !
Michel PÉBEREAU
Avec Michel PÉBEREAU
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Grand amateur de science-fiction, Michel Pébereau, de l’Académie des sciences morales et politiques, propose dans cette chronique de partager sa lecture du recueil romanesque devenu un classique de la SF, Prisonniers des étoiles du britannique Russell.

Le britannique Eric Franck RUSSELL, disparu en 1978, n’est pas le plus connu en France des auteurs de la SF classique américaine. Mais il est l’un des rares qui se distingue par l’humour. Distancié, volontiers sarcastique, il n’hésite pas à placer ses personnages dans des situations assez burlesques.

Trois des quatre romans rassemblés dans le recueil « Prisonniers des étoiles », permettent d’en juger.

- « La grande explosion » en particulier. Dans un lointain futur, l’humanité a maîtrisé le voyage intergalactique et régulé sa démographie en dispersant les communautés considérées comme déviantes sur des planètes lointaines. Quatre siècles plus tard, elle envoie une expédition lourde installer son protectorat sur ces « colonies ». La vie en commun à bord est déjà un problème : équipage, administration, et force d’intervention ont chacun ses structures et sa hiérarchie ; leurs commandements respectifs peinent à cohabiter, et à s’accorder avec l’ambassadeur en charge des négociations à venir. Et partout, avec leur vaisseau spatial qui a les dimensions d’un gratte-ciel, ils reçoivent un accueil assez frais des communautés humaines dépourvues de toute technologie qu’ils viennent déranger : ils peinent à trouver un interlocuteur responsable. C’est l’échec sur les planètes occupées par les descendants, l’une d’anciens bagnards, l’autre de nudistes. Ils sont ensuite confrontés à des disciples de Ghandi, individualistes, refusant l’argent, l’autorité et l’organisation. Ce mode de vie finit par ne pas laisser indifférents certains hommes d’équipage fatigués de la bureaucratie et du caporalisme. Un décollage rapide est nécessaire pour éviter que la désertion décime l’équipage....

- Dans la même veine, le héros de « Plus X » est un prisonnier de guerre sur une planète d’extraterrestres qui sert de pénitencier ; il invente pour s’évader une histoire qui fait basculer le sort d’une guerre galactique.

- « La guêpe » ? C’est l’histoire d’un agent infiltré par les services secrets sur une planète ennemie avec un objectif : y créer des désordres ayant pour l’adversaire des conséquences dommageables, comme une guêpe qui, lâchée dans une automobile en marche, peut provoquer un accident, la destruction de la voiture et de ses passagers.

- Le 4ème roman, « Guerre aux invisibles », est moins original. Des savants découvrent que l’humanité partage la Terre avec les « Vitons » : des globes invisibles d’ondes électroniques. Pour ces extraterrestres, les hommes sont du bétail. Ce sont eux qui ont de tout temps suscité conflits et violences pour améliorer la saveur des émotions humaines dont ils se nourrissent. Cette découverte déclenche une guerre avec les Vitons et une partie des humains qui les considèrent comme des dieux.

Russel ne se prend jamais au sérieux ; il n’a pas peur des invraisemblances. Mais il a un vrai talent de conteur qu’il met au service de ses idées : il n’aime guère l’autorité, sous toutes ses formes ; c’est un humaniste, attaché à l’individualisme et aux libertés.

Eric Franck RUSSELL – Prisonniers des étoiles – collection « Les Trésors de la SF » - Ed. Bragelonne (643 pages) 25 €

Michel Pébereau au studio de Canal Académie

Michel Pebereau tient régulièrement depuis 7 ans, une chronique sur l'actualité de la science-fiction dans le Journal du Dimanche qui a aimablement autorisé Canal Académie à la reprendre de manière sonore.

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