
En 2026, cultivez votre Otium !
Longtemps, le loisir n’a pas été synonyme d’oisiveté mais de liberté. Dans l’Antiquité, les Grecs parlaient de skholè et les Romains d’otium pour désigner ce temps libéré, nécessaire à la réflexion, à la formation du jugement et à la vie démocratique. Mais au fil de l’histoire, le travail et la logique du rendement ont pris le dessus, reléguant ce temps de pensée au rang de luxe superflu. Aujourd’hui encore, notre imaginaire collectif reste dominé par cette hiérarchie héritée, où l’efficacité prime sur la capacité à réfléchir. À rebours de cette logique, le chercheur Jean-Miguel Pire défend une redécouverte de l’otium comme un levier d’émancipation individuelle et collective. Loin du simple divertissement ou du développement personnel, ce temps pour soi s’inscrit dans une démarche éthique : il permet de penser par soi-même, de mieux agir, et de renouer avec le souci des autres.
Le loisir intelligent, un héritage oublié
Avant d’être synonyme de paresse, le loisir fut longtemps considéré comme le sommet de l’existence humaine. Dans la Grèce antique, la skholè désignait ce temps libéré nécessaire à la philosophie, à la réflexion et à la formation du jugement. Les Romains en héritent sous le nom d’otium, mais en inversent progressivement la hiérarchie : le travail et le négoce prennent le dessus, reléguant le loisir réfléchi au rang de privilège. Le chercheur Jean-Miguel Pire revient sur cette bascule historique qui continue de structurer nos sociétés contemporaines, où le temps libre existe mais peine à retrouver son sens.
Quand le travail nie le temps de penser
Notre imaginaire collectif reste profondément marqué par l’héritage romain, où le nec-otium, littéralement la négation de l’otium, devient la norme. Le marché, la performance et l’efficacité ont colonisé des sphères entières de nos vies, de l’éducation à la culture. En retraçant l’histoire sémantique de ces notions, le chercheur montre comment la domination du travail a contribué à rendre le loisir intelligent invisible, voire suspect, alors même qu’il constitue un levier essentiel d’émancipation individuelle et collective.
Retrouver le souci de soi… et des autres
Loin du développement personnel ou du repli narcissique, l’otium défendu par Jean-Miguel Pire s’inscrit dans une démarche profondément éthique. Dans le sillage de Montaigne ou Michel Foucault, il rappelle que le temps consacré à soi est indissociable du souci d’autrui et du bien commun. Dans un monde saturé de distractions numériques, réapprendre à penser par soi-même devient un acte presque politique.
Ouvrages associés
