Dans les coulisses de la rentrée littéraire, ce rituel si français

Danièle SALLENAVE
Avec Danièle SALLENAVE de l’Académie française,

Chaque automne, la rentrée littéraire réveille le même frisson chez les auteurs. En quelques semaines, des centaines de romans paraissent, des plumes espèrent, des jurys délibèrent, et tout un milieu retient son souffle. Né dans les années 1950, ce rituel typiquement français a beaucoup évolué. Les maisons d’édition redoublent aujourd’hui d’attention et les prix littéraires sont devenus des événements médiatiques. Mais derrière les vitrines et les communiqués, se joue une autre histoire : celle des délibérations, des choix et des débats qui consacrent les lauréats. Danièle Sallenave, de l’Académie française, en connaît les coulisses mieux que quiconque. Ancienne jurée du prix Femina, aujourd’hui membre du jury du Grand Prix du roman de l’Académie française, elle raconte cet univers où se décident les grands destins littéraires.

Un rituel littéraire bien français

Pour Danièle Sallenave, la rentrée littéraire est à la fois une fête et une source de malaise. Si elle permet de faire lire, découvrir et vendre des livres, elle s’accompagne aussi d’un système où le commerce, la notoriété et la compétition prennent souvent le pas sur la littérature elle-même. L’écrivain évoque l’anxiété des jeunes auteurs en quête de reconnaissance, les déséquilibres entre quelques titres surmédiatisés et une multitude de livres injustement ignorés. Ce « rouleau compresseur » des prix, nourrit un climat d’attente. Pourtant, souligne-t-elle, au milieu de ces « eaux troubles », subsistent de véritables découvertes littéraires et des voix singulières qu’il faut continuer à défendre. 

Quand l’autofiction s’impose dans le paysage littéraire

Danièle Sallenave souligne la place dominante de l’autofiction aujourd’hui, succédant au Nouveau Roman, qui privilégie le récit à la première personne et la subjectivité de l’auteur. Elle s’interroge sur cette tendance. À ses yeux, le roman à la troisième personne permet aussi un autre regard sur le monde, fondé sur la distance, la pluralité des points de vue et la complexité du réel. Cette forme de narration, dit-elle, aide le lecteur à prendre du recul, à observer plutôt qu’à s’identifier. Une expérience de lecture qu’elle juge essentielle à la vitalité de la littérature.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l'Académie française.

Amin Maalouf, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, et Sabine Wespieser, éditrice de Yannick Lahens, lauréate du Grand Prix du roman de l’Académie française 2025, à l’Institut français, le 30 octobre 2025.<br /> <br /> Crédit : Michel Monsay @ Académie française
Danièle Sallenave, de l'Académie française. <br /> FRANCESCA MANTOVANI/GALLIMARD

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