L’oreille aux aguets : conversation autour de la langue…la suite…

la chronique qui prend les mots à rebrousse-plume, animée par Jeanne Bordeau et Olivier Desarthe
Avec Oliver Desarthe
journaliste

Jeanne Bordeau, directrice et fondatrice de l’Institut de la qualité de l’expression et Olivier Desarthe, journaliste diplômé en didactique des langues, se tenant "L’oreille aux aguets", vous invitent à poursuivre la conversation sur le langage de notre époque. Une nouvelle attention portée aux mots quotidiennement utilisés.

Émission proposée par : Oliver Desarthe
Référence : mots530
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L’Oreille aux aguets continue d’observer, de saisir les mots qui composent notre époque. Point de conversation savante, juste un petit voyage là où se glissent quelques vocables oubliés.

Regardez celui qui arrive : “implémenter” ! Qui ose encore en 2009 se parer d’un “implémenter” ? Le voilà disparu ce mot symbole des années 90. Aujourd’hui, ses successeurs se nomment supporter (à la place de soutenir). On ne soutient plus, on supporte, on supporte d’ailleurs avec tendresse le langage qui rassure : ainsi voit-on fleurir ici et là, le mot pédagogie issu du grec conduire les enfants. Pédagogie assiste à sa propre renaissance dans notre vocabulaire du quotidien, car il aime à se marier à cette propension de la femme et de l’homme moderne, celle qui les pousse à toujours vouloir découvrir, apprendre. Pédagogie où l’itinéraire d’un enfant devenu grand qui ne veut pas perdre le sens du « je sais mon époque ».

Et, entre cet implémenter oublié de nos conversations, et cette pédagogie qui s’invite à la table de nos discussions, observons encore la décrue du fameux : “melting-pot” . Il respire le dépassé, ce melting-pot, il est ancré à d’autres temps. Aujourd’hui le “melting pot” est renvoyé dans ses vestiaires ; il n’a pas résisté face à la diversité. Diversité ne s’est pas donc pas marié avec melting-pot, l’une a pris l’avantage sur l’autre bien que nourris tous deux du même sens.

Puisque « L’Oreille aux aguets » nous emmène du côté de la diversité, faisons rimer diversité avec une autre vedette de la scène lexicale, la fameuse “accessibilité”. Trop présente dans les discours, l’accessibilité ? Certes, mais en notre belle société de communication, la crainte de l’émetteur se décrit par un risque, un seul…Le risque de ne pas être compris, alors pour se rassurer, l’auteur du discours prie le Saint de l’Accessibilité.

Et, puisque nous sommes pétris d’accessibilité, nous voici face à l’expression mondialement acceptée par la planète Terre, « Yes we can » !. « Yes we can » et son charme incitatif issue de la même veine qu’un « I have a dream ».

Comme nous sommes dans les formules, vous n’avez pas échappé à « l’effet papillon » ; titre d’une chanson de l’artiste Bénabar.
Cet « effet papillon » perd du terrain, sur le champ lexical. Savez-vous pourquoi ? L’ effet papillon diffusé sur les ondes est devenu accessible, puisque la chanson se transforme en tube. Tant mieux pour le chanteur, mais « l’effet papillon » n’a plus cet aura mystérieux d’antan, il est aspiré par l’évidence…Le mystère sert de bouclier aux mots…..

Si vous voulez vous joindre à cette auscultation informelle et espiègle de la langue, n’hésitez pas à nous faire part de vos mots, de vos états linguistiques à rebrousse-plume !

Ecoutez les précédentes émissions de cette série: L’oreille aux aguets, travail, déceptif, magnifique, propal..., L’oreille aux aguets : négociation, cupidité, élixir, juste

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