Les filles afghanes menacées de mort si elles vont à l’école

avec Yves Quéré de l’Académie des sciences et Elisabeth Plé, formatrice en Afghanistan
Yves QUÉRÉ
Avec Yves QUÉRÉ
Membre de l'Académie des sciences

En Afghanistan, parmi les évènements tristement quotidiens, les filles menacées de mort depuis le 15 janvier 2009 dans le sud du pays, si elles persistent à se rendre à l’école. Avec la guerre qui perdure depuis 2001 correspond l’avènement du régime des talibans. Depuis 2006, ils établissent leur pouvoir sur fond de violence et de terreur. Les scientifiques de La main à la pâte élèvent leur voix pour dénoncer la situation.

Pourquoi l'enseignement semble-t-il à ce point dangereux pour des régimes totalitaires ?
Pour Yves Quéré, « il est curieux de voir qu'avec les programmes tels que La main à la pâte, ou celui d'Elisabeth Plé qui consistait à former des professeurs à enseigner de manière moins frontale, l'imagination des enfants, la place de l'intuition, et surtout la liberté de parole, ne sont pas souhaitées, même si les petites expériences de sciences n'ont rien à voir avec la politique ».

Elisabeth Plé s'est en effet rendue plusieurs fois en Afghanistan. De 2004 à 2008, elle a formé des enseignants dans les écoles primaires, grâce à des fonds débloqués par le ministère des Affaires étrangères français et l’ambassade de France en Afghanistan.
Parmi ses joies, la rencontre d'enseignants ouverts à une autre forme d'apprentissage. Certains des professeurs qu'Elisabeth Plé a formés sont à leur tour devenus formateurs, transmettant ainsi les méthodes d'Elisabeth dans les écoles primaires de Kaboul.
La rencontre de petites filles afghanes dans une école primaire pour leur proposer une expérience de fusion de la glace reste aussi un grand moment : "quand je suis arrivée, les jeunes filles étaient immobiles sur leur chaise, silencieuses. Mais après les avoir mise en groupe pour réaliser cette petite expérience, c'était une classe pleine de vie. Toutes participaient, avaient leur mot à dire sur ce module de science".

Malheureusement, la lourde hiérarchie de l'éducation nationale en Afghanistan n'incite pas les instituteurs à la poursuite des expériences. Par ailleurs, il leur est difficile de mener à bien de tels modules dans des classes aux effectifs trop nombreux.
Second aspect négatif : le choix pour la France, de ne pas débloquer des fonds pour renouveler ce programme de formation ; un choix parallèle à la montée de l'insécurité dans le pays. Il devient en effet trop dangereux d'envoyer des formateurs sur place.

Ecoutez Elisabeth Plé. Elle revient en détail sur son expérience enrichissante de formatrice en Afghanistan. Ecoutez également Yves Quéré : il développe en deuxième partie d'émission l'élargissement du programme de La main à la pâte dans tous les pays, industrialisés ou en voie de développement, avec les particularités de chaque culture.

Elisabeth Plé est professeur de physique à l’IUFM de Troyes. Elle est chargée de former des professeurs au cours de stages dans les pays étrangers, tels que le Chili, l'Argentine, la Chine ou encore l'Afghanistan.

Yves Quéré est physicien, membre de l’Académie des sciences. Très intéressé par l’enseignement des sciences à l’école, il s'est investi avec ses confrères de l’Académie Pierre Léna et Georges Charpak dans La main à la pâte, une initiative nationale au début, mais qui s’est ouvert par la suite au-delà des frontières.

En savoir plus :

- Yves Quéré, membre de l’Académie des sciences
- Yves Quéré sur Canal Académie

- La main à la pâte
- Page consacrée à La main à la pâte dans le monde

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