Théodore Monod par Philippe Taquet

Hommage lors de la célébration des 90 ans de l’Académie des sciences d’outre-mer en 2012
Philippe TAQUET
Avec Philippe TAQUET
Membre de l'Académie des sciences

Théodore Monod est ici raconté par le paléontologue Philippe Taquet. Les deux hommes, tous deux membres de l’Académie des sciences, ont travaillé ensemble au Muséum national d’histoire naturelle. Un portrait tout en humour prononcé à l’occasion des 90 ans de l’Académie des sciences d’outre-mer.

2012 marque le 90e anniversaire de l'Académie des sciences d'outre-mer, fondée le 8 juillet 1922. La séance solennelle d’ouverture se tint à la Sorbonne le 18 mai 1923 sous la présidence d’Albert Sarraut, ministre des Colonies. C’est là que Paul Bourdarie, Secrétaire perpétuel, lança les quatre verbes : "Savoir, comprendre, respecter, aimer" qui deviendront la devise de l’Académie.

Pour célébrer cet anniversaire, le mardi 26 juin 2012 au musée Guimet s'est tenu, le matin, un symposium sur le thème : "d'une mondialisation à l'autre". L’après-midi était consacrée à un hommage à l'Académie et aux hommes qui l'ont faite, parmi lesquels Théodore Monod.

Théodore Monod, une espèce "mono" spécifique !

L'explorateur Théodore Monod (1902-2000) était « le grand spécialiste français des déserts », « l'un des plus grands spécialistes du Sahara au XXe siècle ». Bon nombre de ses 1 200 publications sont considérées comme des œuvres de référence.

Pour Philippe Taquet : «Théodore Monod nous a laissé une œuvre scientifique immense et une série d'ouvrages instructifs, savants, drôles, espiègles, poétiques, humanistes. Autant de témoignages précieux d'un homme précieux, original, d'un naturaliste des déserts, qui fut le seul représentant d'une espèce unique naturaliste, une espèce mono spécifique.»

La fondation d'une Académie des sciences coloniales

La formation de l'Académie a pour origine une série de réunions qui eurent lieu au cours de l'année 1922 et au début de l'année 1923. En février 1922, Paul Bourdarie accompagné de Maurice Delafosse, africaniste bien connu, et d'Alfred Martineau, professeur au Collège de France, remit à Albert Lebrun, sénateur et ancien ministre des Colonies, une note expliquant la nécessité d'une académie. Celui-ci ayant donné son accord, des réunions préparatoires se succédèrent, puis le 8 juillet, au siège de l'Alliance Française, 101, boulevard Raspail, se tint la réunion décisive dont l'ordre du jour portait : "Fondation de l'Académie des sciences coloniales ; lecture et discussion des projets de statuts et du règlement intérieur et, éventuellement, élection du bureau".

Les pères de l'Académie

Les 38 personnalités présentes ou excusées furent considérées comme étant les pères de l'Académie. Le bureau fut constitué de Gabriel Hanotaux, président, et de Paul Doumer, Louis Archinard, Ernest Roume, et Auguste Pavie, vice-présidents représentant respectivement le Parlement, l'Armée coloniale, l'Administration et les explorateurs. Le titre de président fondateur fut attribué à Albert Lebrun.
La séance solennelle d'ouverture de l'Académie eut lieu le 18 mai 1923 à la Sorbonne sous la présidence d'Albert Sarraut, ministre des Colonies. Gabriel Hanotaux, Président de l'Académie, membre de l'Académie française, exalta le rôle que devait jouer ce nouveau laboratoire intellectuel, cet institut d'idées.

Parmi les membres fondateurs, on compte : trois futurs présidents de la République - Albert Lebrun, Gaston Doumergue et Paul Doumer - Paul Bourdarie, Augustin Bernard, Maurice Delafosse, le général Charles Mangin, Lucien Hubert, Président de l'Association des anciens élèves de l'Ecole Coloniale, Alfred Martineau, le maréchal Lyautey, Pierre Mille...

Des membres illustres...

Parmi les membres qui ont illustré l'Académie on peut citer, outre les trois Présidents de la République, Gaston Doumergue, Paul Doumer et Albert Lebrun, les Présidents du Conseil, Albert Sarraut, Edgar Faure, René Pleven et Pierre Messmer, les ministres Jean-Jacques Juglas, Gratien Candace, Louis Marin, Georges Leygues, Henri Lemery, Marcel Naegelen, Jean Berthoin, Leo Hamon, Jacques Soustelle, Jean Letourneau, Paul Devinat, Robert Lemaignen, les maréchaux de France Joseph Joffre, Louis Franchet d'Espèrey, Hubert Lyautey, Alphonse Juin, Philippe Leclerc de Hautecloque, les généraux Henri Gouraud, Emile Marchand, Edgard de Trentinian, Maxime Weygand, les médecins Yersin, Girard, Robic, Jamot ; les explorateurs Binger, Auguste Pavie, les membres de l'Académie française Gabriel Hanotaux, André Chevrillon, Jérome Tharaud, l'amiral Lacaze, le général Weygand, le maréchal Juin, les gouverneurs généraux Jules Brévié, Robert Delavignette, Oswald Durand, Reste de Roca, Léon Pignon, Robert Bargues.
Il faut nommer encore plusieurs chefs d'Etats : les rois Albert Ier et Léopold III de Belgique, et le Président de la République de Côte d'Ivoire, Houphouët Boigny et l'empereur Bao Daï.

...dont de prestigieux membres de l'Institut de France

Aujourd’hui l’Académie des sciences d'outre-mer s’honore d'avoir compté ou de compter parmi ses membres deux Secrétaires perpétuels de l’Institut de France Jean Leclant (Inscriptions et Belles Lettres), Arnaud d’Hauterives (Beaux Arts), des membres de cet Institut : Alain Decaux et Léopold Sedar Senghor de l’Académie Française, Jean Favier de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, Yves Coppens, Jean Dorst, Théodore Monod de l’Académie des sciences et Xavier Deniau de l’Académie des sciences morales et politiques, d’éminentes personnalités telles que les anciens présidents de la République du Sénégal, du Liban et du Portugal et du Dahomey, Léopold Sedar Senghor, Abdou Diouf, Charles Hélou, Mario Soarès et Emile Derlin Zinsou ; le président de la République du Burkina Faso, Blaise Campaoré et les anciens ministres Jacques Augarde, Yvon Bourges, Alain Decaux, Xavier Deniau, Yves Guéna, Jean Pierre Soisson, Olivier Stirn et le professeur François Luchaire ancien membre du Conseil constitutionnel.

Buste de Théodore Monod, réalisé par la sculptrice Nacéra Kaïnou.
Le buste est situé dans le couloir des perpétuels de l’Académie des sciences à l’Institut de France

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