André Laronde (1940-2011) : Hommage à l’helléniste François Chamoux, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

Cyrène et tout le pourtour méditerranéen furent ses lieux de prédilection
Avec Laëtitia de Witt
journaliste

En hommage à son confrère François Chamoux, décédé en octobre 2007, l’académicien André Laronde disparu en 2011 retraçait dans cette émission le parcours et l’oeuvre de l’académicien consacré au monde hellénique.

Émission proposée par : Laëtitia de Witt
Référence : hab316
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André Laronde revient, dans cette émission, sur la carrière de François Chamoux, helléniste de renom.

Un parcours sans faute

La trajectoire suivie par François Chamoux bien que classique est, dès le départ, brillante. Elève de l’École Normale Supérieure, agrégé des lettres et membre de l’École française d’Athènes de 1943 à 1948. A ces débuts, il choisit d’orienter ses recherches sur la cité antique de Cyrène, jusqu’alors délaissée par les chercheurs. En 1952, il obtint brillamment son doctorat ès lettres, avec pour sujet Cyrène sous la monarchie des Battiades. Par la suite, il accomplit l’essentiel de sa carrière à Nancy et à Paris, où il fut, de 1960 à 1983, professeur de littérature et de civilisation grecques à la Sorbonne. C’est là qu’André Laronde rencontra celui qui eut une influence majeure sur sa carrière. François Chamoux fut son directeur de thèse mais surtout, en 1981, il lui confia la direction de la mission archéologique française d’Apollonia en Cyrénaïque.

La mission française d’Apollonia

-Il convient d’insister sur le rôle majeur de François Chamoux dans les recherches archéologiques du pourtour méditerranéen. Il mena de nombreuses fouilles en Grèce, entre autres à Delphes, sujet de sa thèse complémentaire. Mais son plus grand mérite est d’avoir replacer la Cyrénaïque, région peu connue située en Libye, dans le panorama des recherches archéologiques du bassin méditerranéen. Cyrène fut une des plus actives colonies grecques, située dans la partie est de la Libye, dans l'actuel pays de Barka, autrefois la Cyrénaïque. La légende veut qu'elle ait tiré son nom de celui d'une nymphe thessalienne aimée d'Apollon. Au Xe siècle déjà, Cyrène est un foyer artistique célèbre par ses ateliers de céramique, au même titre que ceux de Corinthe ou de Chalcis. A l'époque classique, elle est une cité florissante, où le culte d'Aphrodite attire les fidèles ; à l'époque hellénistique, on y cultive l'art pictural et la terre cuite ; au IIe siècle après Jésus-Christ, elle deviendra une des grandes cités romaines, rivale de Leptis Magna, de l'autre côté de la Grande Syrte.

Pendant l’Entre-deux-guerres, des archéologues italiens avaient engagé une campagne de fouilles, limitée à la cité même de Cyrène. Lorsque François Chamoux décida de relancer les fouilles, il élargit le champ d’action au port antique de Cyrène, Apollonia. En 1976, afin d’inscrire ces fouilles dans la longévité, François Chamoux fonde la mission archéologique française d’Apollonia. Il en assuma la direction jusqu’en 1981, date à laquelle il passa le relais à André Laronde.

Un helléniste à l’ampleur de vue admirable

Au-delà de l’archéologie ou de l’histoire, François Chamoux était un excellent connaisseur du monde hellénistique dans son ensemble. Il en maîtrisait tous les aspects. Expert en épigraphie grecque, François Chamoux s’attacha à faire connaître la Bibliothèque historique rédigée par l’historien Diodore de Sicile. En littérature, outre les classiques, il mit à l’honneur les épigrammes du poète Callimaque. Son savoir se rapportait aussi à l’art auquel il consacra un ouvrage, Art grec, paru en 1966 dans la bibliothèque des Arts. François Chamoux fut également, pendant des décennies, le spécialiste de la sculpture grecque classique. Cette grande érudition, ne l’empêchait pas d’être accessible à tous. En effet, une autre de ses qualités était sa facilité d’expression aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. La fluidité et la clarté de sa plume se retrouvent dans deux ouvrages qui font encore référence aujourd’hui, La civilisation grecque à l’époque archaïque et classique, suivie de La civilisation hellénistique, tous deux publiés dans la collection « Les grandes civilisations » chez Arthaud.

L’académicien

Quai de Conti, François Chamoux fit preuve du même engagement. Il siégea de nombreuses années durant au sein de la commission administrative de l’Académie, fut le maître d’oeuvre du rapprochement de l’Académie des inscriptions et belles-lettres avec l’Académie de Roumanie, qui aboutit à la signature d’une fructueuse convention en 1994. Son rôle important dans la constitution du Fonds Louis Robert lui donna une nouvelle occasion de témoigner de son dévouement à l’Académie. Toujours disponible, il participa avec beaucoup de constance aux travaux de diverses commissions de l’Institut et tout d’abord à ceux de sa Commission administrative centrale.

Quelques références bibliographiques :

- Cyrène sous la monarchie des Battiades, 1955
- La civilisation grecque à l’époque archaïque et classique, 1963
- Art grec, 1966
- La civilisation hellénistique, 1981
- Marc-Antoine : dernier prince de l’Orient grec], 1985

Pour en savoir plus :

- Retrouvez la biographie de François Chamoux sur le site de l’AIBL
Ecoutez aussi notre émission sur les fouilles en Libye :

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