Traiter certains aspects du vieillissement ?

avec le professeur Etienne-Emile Baulieu de l’Académie des sciences
Étienne-Émile BAULIEU
Avec Étienne-Émile BAULIEU
Membre de l'Académie des sciences

Le vieillissement des êtres humains dépend en partie de leur environnement extérieur ainsi que du rôle de leurs hormones. Explications du professeur Etienne-Emile Baulieu, endocrinologue connu pour avoir synthétisé la molécule de la DHEA, membre de l’Académie des sciences.

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Professeur Etienne-Emile Baulieu, membre de l’Académie des sciences
©Stephane Lavoue\/Myop pour Le Monde

Avec une espérance de vie qui augmente de deux mois et demi par an, les Français vivent désormais en moyenne jusqu'à 79 ans (chiffres Insee 2006).
Et depuis une cinquantaine d'années, de nouvelles maladies se sont petit à petit imposées :
- les maladies neuro-dégénératives
- les diabètes
- les cancers

Le vieillissement dépend en garde partie du système hormonal : chez la souris par exemple, si le récepteur de l’insuline est annulé ou diminué, l’ensemble de l’organisme vieillit plus vite.

D'autres facteurs influent sur le vieillissement :
- la restriction calorique, lorsqu'elle est mesurée (s'arrêter de manger juste avant satiété) joue sur le ralentissement du vieillissement
- le resvératrol : molécule que l’on trouve dans le vin rouge. Elle joue également contre le vieillissement (empêche l’apparition de nombreux cancers et la prise de poids).

En se basant sur la longévité des habitants d’Okinawa (ïle du Japon), une diminution de 17% des calories consommées pendant toute la vie augmenterait l’espérance de vie de 2,3 ans


Quant à la publicité faite sur la super oxydation des radicaux libres capable de ralentir les effets du vieillissement, Etienne-Emile Baulieu estime que «leur rôle réel sur le ralentissement de la vieillesse n’est pas prouvé».

Alzheimer, hypoxie, mémoire et paralysie : des recherches prometteuses

Alzheimer

- Premier constat : la maladie d’Alzheimer se développe très progressivement. On estime que la moitié des personnes de 40-45 ans ont des dépôts de plaques amyloïdes semblables à ceux qui déclarent la maladie d’Alzheimer (même si tous ne développeront pas la maladie).
- deuxième constat : chez les femmes, les œstrogènes dimunuent vers 50 ans, début de la ménopause.

Existe-t-il un lien entre diminution d'œstrogènes et augmentation de risque d’Alzheimer? (cette maladie neuro dégénérative touche essentiellement les femmes).
Des recherches sont actuellement en cours pour trouver des œstrogènes capables de repousser certaines de ces altérations.

Pour le moment, un premier résultat est apparu : lorsqu’il y a arrêt du ravitaillement ostrogénique chez les animaux pendant quelques mois, suivi d'une reprise, on ne récupère plus l’action des œstrogènes montrés au préalable.
De ce fait, chez les animaux, prendre des œstrogènes quelque temps après la ménopause a un effet nul. Reste à voir s'il en est de même chez les femmes.

En France, on estime à 850 000 le nombre de patients Alzheimer en janvier 2006. Cette maladie représente actuellement 70% des démences
© LOUAPRE\/CIRIC

Hypoxie et DHEA

On sait que la DHEA, déhydroépiandrostérone, hormone stéroïde réputée pour ses effets antivieillissant, diminue avec l’âge.
Lorsque les personnes souffrent d’hypoxie (manque d'oxygène dans le sang), maladie plus fréquente chez les sujets âgés, la DHEA corrige en partie le trouble. Les essais cliniques sont actuellement en cours dans 5 hôpitaux et devraient se poursuivre jusqu'en 2009.

Mémoire

Il a été observé par les chercheurs une corrélation entre "plus" d'hormone stéroïde PREG (prégnènolone ), et "plus" de mémoire. Reste désormais à prouver que l’un dépend de l’autre.

L'expérience réalisée a été la suivante : l'hormone stéroïde PREG a été injectée dans l’hippocampe d'un rat âgé. Il a alors été remarqué une formidable récupération de la mémoire spatiale. Malheureusement, les effets furent évanescents. Les injections doivent pour le moment être régulières pour ne pas perdre cet acquis.
Ceci entrouvre cependant la possibilité d’une pilule de la mémoire.

Paralysie : le miracle des micros-tubules

Les microtubules dans le système nerveux transfèrent les ingrédients nutritifs nécessaires aux cellules et en particulier aux neurones. Ils sont faits d’une seule protéine, la tubule.

En travaillant sur la paralysie, conséquence d’un traumatisme de la moelle épinière, lorsque des microtubules sont administrées, on observe une guérison du système nerveux traumatisé. Cette étude est également valable pour le cerveau.
Un brevet européen a été déposé, des études thérapeutiques devraient débuter début 2008.

Écoutez la conférence du professeur Baulieu. Elle s'est déroulée dans le cadre d'une colloque à l'Académie des sciences le 4 décembre 2007, consacrée au vieillissement après 60 ans.

En savoir plus :

- Professeur Etienne-Emile Baulieu, membre de l'Académie des sciences
- Écoutez l'intervention de Robert Rochefort, directeur du CREDOC, sur Aspects socio-économiques du vieillissement
- Écoutez également l'émission consacrée à la carrière du professeur Baulieu
- Retrouvez sur le site de l'Académie des sciences le programme et le résumé complet de l'ensemble des communications de cette journée consacrée au vieillissement après 60 ans

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