Les hommes fossiles en os et en chair

Une conférence d’Amélie Vialet à l’Institut de paléontologie humaine

La paléo-anthropologue Amélie Vialet intervenait le 29 janvier 2009 sur le thème de la reconstitution des hommes fossiles à l’Institut de paléontologie humaine. Pour cette occasion, Elizabeth Daynes, plasticienne, venait nourrir le débat. Partenaire de l’Institut de paléontologie humaine, Canal Académie a enregistré pour vous cette conférence.

La reconstitution des fossiles intrigue les hommes depuis le tout début des recherches paléontologiques. Comme le dit la paléo-anthropologue Amélie Vialet, à l'occasion de la conférence qu'elle tenait le 29 janvier 2009 à l'Institut de paléontologie humaine à Paris : «il est étonnant de constater que dès les premières découvertes d'hommes fossiles, à la fin du 19e siècle, des reconstitutions ont été proposées. La pratique des reconstitutions est concomittante aux découvertes paléoanthropologiques.»

Passion française ou passion tout court, le sujet a fait couler beaucoup d'encre et donner envie à nombre d'artistes de vouer leurs talents aux hommes de la préhistoire ! C'est le cas d'Elizabeth Daynes, une française aujourd'hui mondialement connue pour son talent artistique. Invitée à raconter son parcours et son travail à l'occasion de cette conférence (originaire de Béziers, son travail de reconstitution d'un mammouth en grandeur réelle à la grotte de Lascaux a fait explosé sa carrière), elle partage son goût pour «la sculpture de l'autre».

Il y a deux reconstitutions d'hommes fossiles possibles

- la reconstitution ostéologique (qui concerne le squelette)
- et la reconstitution plastique (qui concerne les tissus mous).

Comme l'explique Amélie Vialet : «le paléoanthropologue peut décider de reconstituer un élément squelettique (un crâne par exemple) parce qu'il est altéré du fait de son histoire post-dépositionnelle. Dans ce cas, l'objectif est d'optimiser le matériel d'étude en disposant dans le cas de notre exemple d'un crâne plus complet et moins déformé. La reconstitution plastique procède d'une autre démarche : celle de, quasiment, redonner vie à ces hommes d'un autre temps qui, pour certains, ont été nos ancêtres. Il s'agit là d'illustrer leur aspect physique pour les rendre plus concrets, familiers et plus accessibles aussi pour un large public.»

La reconstitution plastique a extraordinairement avancé !

En collaboration avec le paléoanthropologue, le sculpteur travaille à partir du matériel osseux et de sa connaissance des tissus mous (qu'il a acquise via les livres d'anatomie et éventuellement une pratique de la dissection). Les bases de données constituées servent notamment en anthropologie judiciaire dans le cadre de la recherche criminelle. Il y a donc mille et un moyens d'utiliser la connaissance et le savoir-faire paléoanthropologique.

Le crâne vert (appelé Yunxian II) a été déformé à cause du poids des sédiments accumulés pendant près d’un million d’années. Il a pu être reconstitué (crâne en gris du dessus).

Le niveau de la recherche permet même aujourd'hui de compenser les altérations des éléments fossilisés d'un squelette. Ainsi, le crâne fossile découvert dans le site de Yunxian en Chine, aplati par le poids des sédiments accumulés pendant près d'un million d'années, a pu être reconstitué. Ce nouveau spécimen reconstitué (Yunxian II) a permis d'accroître les informations sur son âge ou sa capacité crânienne. Il est daté de 936 000 ans et il pourrait s'agir du plus ancien Homo erectus actuellement connu pour l'Asie continentale. De quoi donner envie aux jeunes artistes d'aujourd'hui d'aider aux recherches de demain...

Amélie Vialet est paléo-anthropologue à la Fondation Institut de
paléontologie humaine.

En savoir plus
- Institut de paléontologie humaine
- Le site web de la plasticienne Elizabeth Daynes
- Le site de La grotte de Lascaux
- Notre émission sur L’homme de Yunxian : études paléontologiques de deux crânes en Chine

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