Le lait de maman, le meilleur des aliments !

avec Claude Didierjean-Jouveau

Sur les 830 000 naissances en France en 2006, les mamans sont en moyenne 65% à allaiter leur bébé le premier mois, mais ne sont plus que 42% après 8 semaines. Pourtant, l’OMS, le gouvernement français et l’INPES recommandent aux mamans d’allaiter pendant les six premiers mois. Pourquoi ? Réponses en compagnie de Claude Didierjean-Jouveau, rédactrice en chef de "Allaiter aujourd’hui", auteur d’ouvrages sur la question

Même si les mamans françaises sont de plus en plus nombreuses à allaiter (une femme sur deux allaitait les trois premiers mois en 1995, alors qu'elles sont aujourd'hui 65%), la France reste la lanterne rouge côté allaitement, avec l'Irlande.
Pourquoi ?

Nourrice morvandelle au XIX<sup>e<\/sup>siècle

Pour Claude Didierjean-Jouveau, la réponse est multifactorielle. Sur un plan culturel, les citadines françaises ont souvent fait appel à des nourrices au cours du XVIIIe et XIXe siècle. Au XXe siècle, l'un des courant du féminisme abhorrait l'allaitement. Et puis la médicalisation des premiers mois de la vie du bébé (heure et temps des tétées par exemple) ont joué également dans la simplification des étapes par le biais de biberons au lait infantile.
Enfin, les campagnes de publicité des industriels ont également leur rôle à jouer.

Pourtant, comme le souligne l'Académie nationale de médecine dans un rapport publié le 2 avril 2008, « L’allaitement maternel en France est rapidement abandonné dans les 8 premières semaines après l’accouchement bien que les propriétés nutritionnelles du lait de femme soient adaptées à la croissance du petit nourrisson à son éveil psycho moteur et sensoriel et jouent un rôle dans la prévention de l’obésité et du diabète de type 1 ».

Par ailleurs l’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), et le ministère de la santé en France, préconisent aux mamans d’allaiter quand elles le peuvent, le lait de la mère étant bien plus qu’un simple aliment…

Le lait de la femme

Sur le plan nutritionnel, on connaissait déjà les protéines et leur répartition, les lipides ou le lactose.
Aujourd’hui, il a été répertorié toute une série d’acides gras essentiels (acide linoléique, acide alpha-linoléique, acide arachidonique et docosahexaenoïque). Ces acides jouent sur le développement cérébral, sur la vision et le développement psychomoteur. L'allaitement prévient également contre la mort subite du nourrisson et contre les risques ultérieurs d’obésité et de certains diabètes.

La faible minéralisation du lait de femme est adaptée à l’immaturité digestive, enzymatique et surtout rénale des premiers mois de la vie. En revanche, pour ce qui est du rôle du lait maternel dans la prévention contre certaines manifestations allergiques, les positions restent discutées à l'Académie nationale de médecine.

Des bénéfices pour la mère

Les effets de l'allaitement sont également bénéfiques pour la mère. Il a été prouvé qu'une maman allaitant son enfant, diminuait ses risques de cancer du sein. Il en va de même pour l’ostéoporose. Elle évite enfin le diabète de type II, si elle allaite plus de douze mois (au cours de plusieurs grossesses).

Le lait de la femme est-il toujours bon lorsque la mère est malnutrie ?
Dans des situations de graves crises alimentaires, les mamans qui allaitent conservent des bébés en bonne santé. Mais dès que le sevrage est commencé, la situation devient plus inquiétante. C’est ainsi que des mamans au corps décharné se retrouvent paradoxalement à allaiter des nourrissons aux joues rebondies.

Mais dans le cas de régime alimentaire draconien, les réponses semblent moins évidentes. Prenons l’exemple de l'affaire d'Amiens en avril 2008 où un bébé de 11 mois est décédé de dénutrition. La maman qui l'allaitait était végétalienne.

Dépêche de l'Agence France Presse :
«Un couple, adepte du régime végétalien qui proscrit tout aliment d'origine animale, a été mis en examen jeudi à Amiens et écroué pour « privation de soins ou d'aliments » après la mort de sa fillette de 11 mois.
Une autopsie a mis en évidence de multiples signes d'infection et un défaut de soins et d'hygiène remontant à la naissance, selon le procureur. La fillette ne pesait que 5,7 kilos contre une moyenne de 8 kilos au moins à cet âge. Souffrant avant son décès d'une diarrhée et d'une bronchite non soignées, la fillette était exclusivement allaitée par sa mère, âgée de 37 ans.»

Comme le fait remarquer Claude Didierjean-Jouveau, dans ce cas complexe, où les informations restent parcellaires, il est difficile de dire, si la perte de poids du bébé est subite (conséquence de la diarrhée) et non pas chronique, dès la naissance. Car il existe de rare cas de maladies où le bébé possède un déficit enzymatique du cycle de l'urée qui interdisent alors ce mode d'alimentation.

Cette émission fait également le point sur les laits infantiles. Toujours améliorés depuis 1976, ils n'égalent cependant pas les qualités nutritives et « médicamenteuses » du lait maternel, qui prend en fin de compte le relais du placenta dans le ventre de la mère.
Les laits artificiels seront préférés après les six premiers mois de la vie.

Claude Didierjean-Jouveau, rédactrice en chef "d’Allaiter aujourd’hui"

Claude Didierjean-Jouveau est rédactrice en chef de la revue Allaiter aujourd'hui. Présidente de 1989 à 1997 de La Leche League (association d'aide à l'allaitement), elle est l'auteur de nombreux ouvrage sur la question :
Anthologie de l'allaitement, éditions Jouvence 2002
L'allaitement maternel : la voie lactée, éditions Jouvence, 2003
Allaiter, c’est bon pour la santé, éditions Jouvence 2003
Les dix plus gros mensonges sur l'allaitement, éditions Dangles, 2006

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