« À quoi sert le baccalauréat ? »

Avec Jacques Legendre, président de la Commission des affaires culturelles du Sénat
Avec Myriam Lemaire
journaliste

A l’occasion des 200 ans du baccalauréat le 17 mars 2008, la Commission des affaires culturelles du Sénat a réalisé l’état des lieux de ce véritable "monument national", au carrefour de l’enseignement secondaire, des formations supérieures et de la vie active. Le sénateur Jacques Legendre, agrégé d’histoire, secrétaire d’Etat à la formation professionnelle (1977-1981) livre pour Canal Académie les détails de ce rapport au micro de Myriam Lemaire.

Émission proposée par : Myriam Lemaire
Référence : ecl502
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_ Le 8 octobre 2008, Jacques Legendre a été élu président de la Commission des affaires culturelles du Sénat, l’une des six commissions permanentes de la Haute Assemblée. Il rappelle au début de l'entretien le rôle et le fonctionnement de cette Commission dont le champ de compétences est très étendu : éducation, culture, communication, francophonie, jeunesse et sports.

Plongée au cœur d’une institution sociale : le baccalauréat

Pendant six mois, le groupe de travail chargé de réaliser un état des lieux du baccalauréat a rencontré les principaux acteurs et observateurs du monde de l’éducation. Il a procédé à quarante auditions et a recueilli les analyses de près de cent personnes. Il a jugé nécessaire de se pencher sur l’histoire en entendant deux historiens, spécialistes de ces questions.

Une démocratisation encore inachevée

Le baccalauréat a connu une histoire mouvementée avec une incessante succession de réformes. Longtemps réservé à une petite élite, l’accès au baccalauréat s’est lentement démocratisé. Mais cette démocratisation est inachevée. Contrairement à certaines idées reçues, le baccalauréat ne concerne que 64 % d’une génération. La France est donc loin d’avoir atteint l’objectif de 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat. A ces inégalités d’accès s’ajoutent les effets de la hiérarchisation des filières.

En 2008, le taux de réussite au baccalauréat général en France métropolitaine et dans les DOM était de 83,3 % d’admis, soit un taux identique au record historique de 2007.

Un bac ou des bacs ?

Il y a désormais plusieurs baccalauréats aux fonctions différentes : des baccalauréats généraux (S, L, ES), des baccalauréats technologiques, des baccalauréats professionnels (au nombre de 72) dont les publics, les enseignements et les débouchés sont très différents. « Le bac S est considéré comme plus "noble" et "le bac L est en train de plonger, je ne peux l'accepter », affirme Jacques Legendre.
Pour Jacques Legendre, cette diversification ne doit pas mettre en péril l’unité symbolique profonde de l’examen ni aller à l’encontre de l’égale dignité des filières.

Un diplôme irremplaçable

Le sénateur Legendre souligne le rôle symbolique joué par le baccalauréat qui est à la fois un rite de passage à destination des jeunes adultes et un rituel égalitaire essentiel. « C'est l'un des derniers repères qui reste », estime-t-il.

C’est pourquoi il considère que les principes qui gouvernent tout examen républicain, notamment l’anonymat et la correction par des examinateurs extérieurs, doivent être respectés. Le contrôle terminal doit rester la modalité d’évaluation quasi exclusive de cet examen et la généralisation du contrôle continu ne peut être envisagée, même si l’organisation des épreuves terminales est une tâche très complexe.

18 propositions pour renforcer le baccalauréat

Elargir l’accès au baccalauréat, faire de l’orientation une grande cause nationale, garantir la valeur du baccalauréat et lui redonner tout son sens sont les objectifs à atteindre. Pour cela, le rapport émet 18 propositions. Il recommande notamment un étalement des épreuves sur deux ans afin de dissocier clairement les deux missions du bac (fin de scolarité secondaire et préparation à l’enseignement supérieur). Il propose d'impliquer l'enseignement supérieur à tous les stades du baccalauréat. Créer un tronc commun en 1ère et terminale permettrait de réduire la forte hiérarchisation des filières.

Jacques Legendre, sénateur, président de la Commission des affaires culturelles du Sénat

Enfin, Jacques Legendre met l’accent sur une proposition novatrice consistant à créer une garantie de formation initiale ou professionnelle pour les élèves qui entrent dans la vie active, qu’il soient ou non bacheliers, avec un crédit de formation financé par l’Etat.

Remis à Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale et à Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, ce rapport pourrait inspirer une future réforme du baccalauréat.

Cette émission fait l’objet d’une destinée à ceux et celles qui veulent améliorer leur approche de la langue française dans notre Espace Apprendre.

En savoir plus :

- Accédez au Rapport Legendre, A quoi sert le baccalauréat ?

- Site du Sénat
- Commission des affaires culturelles du Sénat
- Jacques Legendre

- Pour avoir un regard différent sur le baccalauréat, écoutez Jean-Robert Pitte, de l'Académie des sciences morales et politiques

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