Les Fées de Wagner au Châtelet : une découverte enthousiasmante pour Pierre-Jean Rémy, wagnérien dans l’âme

Une interview de Pierre-Jean Rémy, de l’Académie française
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Le Théâtre du Châtelet présente en création française, un opéra de jeunesse de Wagner, Les Fées : une programmation audacieuse car l’œuvre jugée mineure n’a été montée qu’une seule fois, en 1888. Peu connue, peu entendue, elle est exhumée de l’oubli par une mise en scène astucieuse d’Emilio Sagi, servie par une distribution brillante. Dans cet entretien, le lendemain de la générale, Pierre-Jean Rémy dont on connaît la passion du théâtre et de l’opéra, wagnérien depuis l’adolescence, livre à Canal Académie ses impressions et critiques.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : carr560
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Les Fées de Richard Wagner, Théâtre du Châtelet 2009, la soprano Christiane Libor
© Marie-Noëlle Robert

Si l'amour intense conduit à vaincre tous les obstacles comme le défend Wagner, du haut de ses 20 ans, 175 ans plus tard, l'histoire pas moins compliquée qu'une autre, dans le domaine de l'art lyrique, opère toujours. Inspiré de la fable La Dona serpente(1762) de Carlo Gozzi , dont il modifie un peu le "scénario", Wagner pour son premier opéra, s'empare de cet univers fantasmagorique qu'il met au goût du romantisme à la mode. En 1833, l'année de composition des Fées, le jeune Richard est sous le charme des opéras de Carl Maria von Weber.

L'histoire en trois actes

Le prince Arindal et la fée Ada sont épris d'amour. De leur union entre un mortel et une immortelle, sont nés deux enfants. Mais pour que leur amour perdure, la fée Ada a fait promettre au prince de ne pas lui poser de questions sur ses origines pendant 8 ans. Ayant rompu son engagement, le prince subit une foule d'épreuves, sans bien en comprendre les raisons. Seule la souffrance de la perte de sa bien aimée l'anime. Son serviteur Gernot qui l'a accompagné dans cette aventure, tente d'arracher son maître à cet amour. L'acte I commence sur leur errance dans un désert, à la recherche d'Ada. L'acte II est celui du retour d'Arindal en son royaume, en proie à la guerre et des épreuves que lui inflige la fée Ada. Pour sauver leur amour, elle est prête à renoncer à son immortalité. Mais des épreuves terribles conduisent à nouveau le prince, à rompre un autre de ses serments. Ada échoue, elle est changée en pierre pour 100 ans. L'acte III apporte son lot d'épreuves nouvelles, de combats et de sortilèges terrifiants dont Arindal se libère grâce à son amour pour la fée. Il accède ainsi à l'immortalité...

Les Fées de Richard Wagner, Théâtre du Châtelet 2009, costume de Jesus Ruiz
© Marie-Noëlle Robert

Pour Pierre-Jean Rémy, l'œuvre, musicalement, est beaucoup plus intéressante qu'on ne le dit. Elle n'atteint certes pas les sommets de la Tétralogie, mais elle présente des airs féminins très beaux et un bel aria récitatif chanté par Laurent Naouri. Il situe cette œuvre hybride dans son contexte musical européen et ne s'interdit pas quelques incursions en terre chinoise pour nous parler d'opéra. Parmi les œuvres de jeunesse de Wagner entre Les Fées, La Défense d'aimer et Rienzi, depuis hier, l'opéra Les Fées a gagné sa préférence.

Les Fées de Richard Wagner, Théâtre du Châtelet 2009, le baryton Laurent Alvaro
© Marie-Noëlle Robert

Découvrez la critique qu'il nous livre au micro de Canal Académie. Dans cette émission, l'écrivain fait part de son enthousiasme pour la beauté des costumes de Jesus Ruiz. Il dit la grande qualité de la mise en scène d'Emilio Sagi et son admiration pour les chanteurs et particulièrement pour la soprano Christiane Libor.

Les Fées de Richard Wagner, Théâtre du Châtelet 2009, le ténor William Joyner
© Marie-Noëlle Robert

Il évoque sa passion pour Wagner qui lui a fait écrire un roman en 1980, dont l'action est réglée par les quatre journées de la Tétralogie de Wagner, Salue pour moi le monde (Gallimard).

Les Fées  de Richard Wagner, Théâtre du Châtelet 2009
© Marie-Noëlle Robert

Pour en savoir plus

- Théâtre du Châtelet, programmation : 27 mars, 1er, 4 7 et 9 avril 2009

Orchestre du Louvre-Grenoble
© E. Carecchio

- Chef d'orchestre et directeur musical, Marc Minkowski a fondé l'ensemble Les Musiciens du Louvre et défend habituellement le répertoire français du XVIIe et XVIIIe siècles. Il ne se cantonne pas au baroque et a déjà dirigé le Vaisseau fantôme de Wagner en 1997, en tournée aux Pays-Bas, l'année de ses débuts au Festival de Salzbourg. Parmi les compositeurs qu'il choisit : Mozart, Haendel, Beethoven, Rossini, Donizetti, Bizet, Fauré, John Adams, George Gershwin.

La soprano Christiane Libor
© Jutta Missbach

- Christiane Libor est née à Berlin où elle a étudié le chant, sous la houlette d'Anneliesse Fried, au début de sa formation. Lauréate du concours Mozart de Salzbourg en 1999, sa carrière prend très vite son essor : Mozart, Weber, Strauss, Wagner sont à son répertoire.

- Pierre-Jean Rémy de l'Académie française

Outre ses romans, sa passion pour l'art lyrique l'a conduit à écrire des ouvrages sur la musique et à tenir des chroniques régulières d'opéra pour plusieurs revues comme Lyrica, Harmonie, Diapason, et La Revue des Deux Mondes. Il est l'auteur de biographies de Maria Callas et de Berlioz. Il a dirigé l'équipe qui prépara le projet du nouvel Opéra de la Bastille en 1989, dont il a fait un livre, Bastille, rêver un opéra (Plon 1989). Plus récemment, il a publié un Dictionnaire amoureux de l'Opéra (Plon, 2004).

Pierre-Jean Rémy de l’Académie française, Canal Académie, le 26 mars 2009
© Canal Académie

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