Dai Lam Linh, le nouveau chant du Vietnam

Un trio musical défraye la chronique vietnamienne en imposant un style contemporain

Dai Lam Linh, c’est un trio choc composé d’un musicien qui a vécu la douleur de la guerre, et de deux chanteuses. Leur chant, tout nouveau, réveille les tréfonds d’un Viet Nam régénéré tout en modifiant radicalement la tradition.

Linh Dung

Préparez-vous pour le voyage. Ils sont trois : Dai Lam Linh. Un musicien Ngoc Dai et deux chanteuses Thanh Lam et Linh Dung. Cette combinaison détonante redonne un nouveau souffle à la musique vietnamienne. A l'avant-garde d’une expérience des plus singulières, le groupe casse radicalement les codes musicaux établis jusqu’ici.

Au début elles sont timides, calmes, réservées. Elles osent à peine regarder. Au fond de leurs yeux, cependant, on perçoit le message du changement. Entre tradition et contemporanéité, religion et surréalisme, leurs spectacles défrayent la chronique vietnamienne. Le pays a changé. Pour le prouver, le groupe va loin dans l’expérimentation. Les voix étranges montent très haut pour redescendre brusquement. La musique atonale commence sur des airs confus. Les paroles parlent, murmurent, gueulent. Cela pourrait paraître désuet mais le tout s’avère tenir la route et bouleverser les esprits.

L’essence du temps que nous vivons

Thanh Lam

Ngoc Dai, compositeur vietnamien le plus moderne de son temps, se veut messager : « Je développe une attitude spatiale. C’est l’essence du temps que nous vivons, la façon dont je vois le monde

Voici donc un spectacle authentique où on chante la mort et la perte, spectacle sans improvisation auquel le musicien nous propose d’assister. La toile de fond existe avec une structure musicale savamment orchestrée.

- « Cette façon de jouer de la musique n’est pas nouvelle dans le monde mais elle est très nouvelle au Viet Nam » explique-t-il.

Issu d’influences très variées : un mélange de Miles Davis, Thelonious Monk, Cecil Taylor, Ornette Coleman, Bjork, Tung Duong and Ngoc, l’univers de Dai Lam Linh est saisissant. Sans chorégraphie préparée, sans direction particulière, sans aucun contrôle de l’espace et du corps, on vit un spectacle de transformation en direct. Après un démarrage calme, les deux chanteuses s’approprient les chansons, les vivent, les respirent et font monter la sauvagerie pour finir dans une folie totale, un exercice personnel de dépassement de soi assez impressionnant. Les deux chanteuses vont même jusqu’à ressembler à deux vaudous à la fin de certaines chansons.

Pas surprenant que, comme le dit Ngoc Dai : « l’impact sur le public est très fort. Il se sent partie prenante. » Impossible de rester indifférent, ce trio change forcément quelque chose dans le regard. Un bol d’air frais au royaume de l’imitation pop qui a trop tendance à être généralisée dans toutes les rues.

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