La Nouvelle-Zélande, terre légendaire, pour le rugby des All Blacks et pour les Maoris

Journaliste à "l’Equipe", Richard Escot présente Rugby Land, voyages au pays du ballon ovale
Avec Bruno Dusaussoy
journaliste

La Nouvelle-Zélande des mythiques Flèches noires accueille la coupe du monde de rugby, du 9 septembre au 23 octobre 2011. Comme un retour aux sources, 24 ans après l’organisation de la première coupe du monde au pays du rugby, dont les habitants sont profondément attachés à ce sport venu d’Angleterre à la fin du XIXe siècle.

Émission proposée par : Bruno Dusaussoy
Référence : pag964
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«Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage...» Richard Escot, responsable des pages rugby à L'Equipe, a lui aussi fait un ou plutôt de beaux voyages. Son livre est en effet le fruit de nombreux séjours, effectués entre 1989 et 2007. Il passe en revue les mythes et légendes de cet archipel que les Maoris ont baptisé le «pays au long nuage blanc».

Drapeau de la Nouvelle-Zélande, dont la présence de l’Union Jack en haut à gauche rappelle que le pays est un dominion de la Couronne britannique

Ce sont les ancêtres des Maoris qui les premiers peuplèrent la Nouvelle-Zélande, vers le Xe siècle de notre ère. Ils venaient des îles Fidji-Tonga-Samoa voisines. Les premiers colons européens arrivèrent au XIXe siècle ; ils avaient été précédés par l'Ecossais James Cook à la fin du XVIIIe.

Le traité de Waïtangi

L’histoire des Maoris, dès lors, est celle d’une dépossession. Leur sort n’est pas sans évoquer celui des « Peaux-Rouges » d’Amérique du Nord. La diffusion d’armes à feu dans les tribus favorisa les guerres internes (les Musket Wars), qui décimèrent les Maoris, sans oublier l'impact des maladies importées d’Europe. Le 5 février 1840, plusieurs centaines de chefs de tribus signèrent le traité de Waïtangi avec le représentant de Sa Majesté la reine Victoria. Par ce traité, la Grande-Bretagne annexait la Nouvelle-Zélande et, partant, imposait sa souveraineté.

La fougère argentée, emblème des All Blacks

La société coloniale qui se mit en place petit à petit, à bien des égards exemplaire sur le plan social (droit de vote des femmes dès 1893, législation sociale avancée, etc.), laissait de côté les Maoris. Au mitan des années 1970 cependant, un tribunal de Waïtangi vit le jour, afin de réparer, dans la mesure du possible, les fautes commises par le passé à l'encontre des Maoris – comme le fera en 2008, à sa manière, l’Australie, quand le Parlement présenta ses excuses aux Aborigènes, au nom de l’Etat australien.

Des joueurs au panthéon néo-zélandais

Les Maoris étaient de valeureux guerriers, ils sont aussi d'excellents rugbymen. Car au fond que seraient les All Blacks sans les joueurs d’origine polynésienne ? Que l’on songe un instant à Jonah Lomu, sans doute ce que le rugby néo-zélandais a produit de meilleur. Ce joueur d’1m96 pour 120kg qui transperçait les défenses adverses à la vitesse de l’éclair fut au cours de sa carrière la star planétaire du rugby – la première et peut-être la seule à ce jour. Pas moins de cinq chapitres de ce livre (sur 45 au total) lui sont consacrés, qui racontent son itinéraire, de la banlieue d’Auckland aux sommets du rugby mondial.

Affiche de l’exposition au musée du quai Branly (du 4 octobre 2011 au 22 janvier 2012)

Au fil des pages, on croise d’autres grands noms du rugby néo-zélandais, de Wilson Whineray, ancien capitaine des All Blacks, à Waka Reid, ancien numéro 8 qui a initié Richard Escot à la culture maorie, en passant par Charlie Saxton et Fred Allen, les inventeurs du jeu néo-zélandais moderne. Un jeu résolument différent du jeu « à la française », caractérisé par ce que les Anglo-Saxons appellent le french flair et qui permit au XV de France de briller face aux All Blacks en diverses occasions, comme lors des quarts de finale de la coupe du monde 2007, au Pays de Galles.

Le livre aborde aussi, plus ou moins rapidement, les rapports entre le rugby et l’argent, longtemps question taboue en Nouvelle-Zélande ; la naissance de la coupe du monde dans les années 80, sous la pression de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ; le tatouage, cette manière pour les Maoris d’affirmer leur identité et leur culture.

Last but not least, l’histoire du haka, cette danse guerrière qu’interprètent avant chaque rencontre les All Blacks, est révélée. Où l’on apprend que derrière ces gestes virils se cache une légende à la connotation sexuelle insoupçonnée…

Pour aller plus loin

- Du 4 octobre 2011 au 22 janvier 2012, le musée du quai Branly accueille l'exposition : Maori, leurs trésors ont une âme, avec le concours du musée Te Papa Tongarewa de Nouvelle-Zélande.

- Ecoutez aussi sur Canal Académie Un billet de Nouvelle-Zélande : Akaroa, havre français de l’ile du sud par Françoise Thibaut, correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques.

- Richard Escot, Rugby Land, éd. Philippe Rey, 2011.

- Daniel Herrero, Dictionnaire amoureux du rugby, Plon, 2011.

- Christian Jaurena, Le rugby, Les essentiels Milan, 2007.

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