Désordres dans le capitalisme mondial

Un livre de Laurent Berrebi, nominé du Prix Turgot
Avec Jean-Louis Chambon
journaliste

Quelles sont les origines des désordres du capitalisme contemporain ? L’ouvrage novateur de Laurent Berrebi et Michel Aglietta Désordres dans le capitalisme mondial analyse sans concession un système coincé par de multiples contraintes et redressent quelques idées reçues.

Émission proposée par : Jean-Louis Chambon
Référence : pag409
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Laurent Berrebi

Contrairement à une idée reçue, le capitalisme mondial ne tend pas à s’uniformiser. Depuis une dizaine d’années, la globalisation mérite vraiment son nom. Nous ne sommes plus au temps où les pays développés exerçaient leur domination et projetaient leur modèle de capitalisme sur l’ensemble de la planète.

Désormais, une puissante relation d’interdépendance les lie aux nations émergentes : celles-ci sont devenues créancières (essentiellement des Etats-Unis) ; et, par la concurrence qu’elles leur livrent, elles ont fait perdre aux entreprises du monde riche la maîtrise de leurs prix dans un nombre croissant de secteurs. Le tournant a été la crise asiatique de 1997 : en brisant la demande interne, elle a accentué l’orientation de ces économies vers les marchés extérieurs –où elles ont exporté, en même temps que leurs produits, une puissante pression déflationniste.

Double origine

Tel est le schéma temporel qui sert de cadre à ce livre novateur, dont on regrette seulement qu’il mêle sans transition, à des développements limpides, quelques formulations mathématiques ardues.

Les désordres de ce nouveau capitalisme, expliquent les auteurs, ont une double origine : d’un côté, la montée de la concurrence mondiale ; de l’autre la prépondérance de la « valeur actionnariale », qui tend à garantir aux marchés un certain niveau de profit. Coincées entre ces deux contraintes, les entreprises rejettent la charge sur les salariés, à la fois en termes de niveau de rémunération et de risque sur l’emploi.

Le capitalisme mondial ne tend pas à s’uniformiser. Et sa diversité contribue aux déséquilibres. Aux Etats-Unis, la politique macroéconomique s’est adaptée au modèle de la valeur actionnariale : la gestion monétaire accommodante d’Alan Greenspan visait à la fois à éviter les crises financières et à permettre la poursuite de l’expansion, en ouvrant largement aux ménages les vannes de l’endettement. En Europe, la conjugaison d’une exigence de rentabilité élevée et d’une politique monétaire restrictive a déprimé la croissance. En Chine, au contraire, la force de la demande extérieure, entretenue par un taux de change sous-évalué, provoque une suraccumulation de capital, mais permet au pays d’assimiler le progrès technique et de se placer dans la division internationale du travail.

Le déséquilibre le plus spectaculaire né de ces divergences est le gonflement simultané du déficit extérieur américain et des réserves de dollars en Asie. Les acteurs ne tranchent pas entre les scénarios de sortie, mais leur livre pose un jalon important dans la compréhension de la « phase 2 » de la globalisation.

Extraits de presse :

Extrait des Echos du 12 Avril 2007
"Les gestionnaires de fonds visent des objectifs de rentabilité à trois mois, ils sont un élément clé du processus qui lie l’expansion du crédit et la hausse constante du prix des actifs. Cette course en avant est caractéristique du capitalisme financier actuel, libéralisé et mondialisé"

Extrait du Monde du 3 septembre 2007
« Je crois qu’une modification profonde des principes de gestion de la finance est l’étape nécessaire dans la globalisation » : Professeur Aglietta, le Capitalisme de bulle en bulle.

En savoir plus :

Désordres dans le capitalisme mondial, de Michel Aglietta et Laurent Berrebi, est paru chez Odile Jacob, 448 pages

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