Calvin et son atelier d’écriture : un grand communicant à l’oral comme à l’écrit

Virginia Crespeau reçoit Olivier Millet, professeur de littérature
Avec Virginia Crespeau
journaliste

Olivier Millet, professeur de littérature française à l’université de Paris XII, spécialiste de l’humanisme et de la littérature religieuse, présente son dernier livre Calvin pour faire comprendre comment ce dernier a étendu sa pensée.

Émission proposée par : Virginia Crespeau
Référence : pag592
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Olivier Millet partage un extrait de son livre Calvin paru aux Editions Infolio, dans la collection Illico :

« Selon l’exégèse calvinienne des dix commandements, ceux-ci constituent une charte de la vie chrétienne sans en prescrire le règlement précis et sans entrer dans les cas particuliers, laissés à l’évaluation de la liberté chrétienne. Pour comprendre le sens de chaque commandement, explique Calvin, il faut saisir l’intention que lui donne son sens, et rejeter ce qui lui est implicitement contraire… Le fidèle, sûr de la promesse divine, n’a pas à se préoccuper de sa mort, mais seulement de sa manière de vivre, qui l’unit déjà à son sauveur… d’autre part de sa propre situation personnelle dans la société civile, seul lieu où la sainteté reçu de Dieu peut et doit trouver sa réalisation.

[…] Les fidèles doivent suivre, chacun à sa façon, l’appel divin adressé à tous. Sur le plan moral, chaque fidèle est invité à prendre pour guide sa conscience, en fonction des principes moraux inscrits dans la révélation biblique...
(...)Cette nouvelle manière de vivre le temps s’ajoute aux autres transformations de la vie sociale et morale : mœurs matrimoniales régulées et pacifiées par le Consistoire, et instruction de la jeunesse, scolarisée. L’éthique calvinienne exerce ainsi ses effets les plus profonds moins par une originalité absolue que par la systématicité des mises en œuvre collective dans le petit monde de la cité de Genève, qui devint le modèle des autres sociétés ou communautés calvinistes. C’est dans cette mesure qu’elle a exercé une influence majeure sur les sociétés modernes».

Olivier Millet
Professeur de littérature française à l’université de Paris 12

Olivier Millet nous entraîne notamment page 134 de son livre Calvin paru aux Editions In Folio dans l’atelier de Calvin.
Comment fonctionnait-il ? Olivier Millet répond que Calvin n’est pas un homme solitaire ; il est payé par les autorités politiques de Genève comme pasteur prédicateur chargé d’expliquer l’écriture sainte à la cité de Genève, aussi comme exégète chargé d’expliquer en latin et dans des milieux plus étroits, le sens de ces Ecritures sous forme de commentaires ; il est donc payé et suffisamment payé, plus qu’un pasteur ordinaire, pour pouvoir recevoir chez lui beaucoup de gens de passage qui affluaient de toute l’Europe, les recevoir dignement ; il vivait très modestement lui-même et pour pouvoir disposer de collaborateurs qui étaient à la fois ses disciples, ses collègues. Ces collaborateurs sont une espèce de prolongement de la main ou de la plume de Calvin car ils écrivent sous sa dictée les nombreuses lettres qu’il adresse à ses correspondants, mais aussi les commentaires bibliques qu’ils rédigent mais qu’il n’a pas le temps d’écrire lui-même sur le papier. Ces collaborateurs écrivent comme Calvin, ils ont appris à écrire comme lui, à imiter en quelque sorte son style, pour arriver à démultiplier sa présence, même si lui ne tient pas directement la plume, de telle manière à ce qu’ils puissent représenter alors la pensée et même la parole de Calvin lui-même. C’est un atelier d’écriture qui a fonctionné à plein régime dans les années 1550-1560.

En savoir plus :

Olivier Millet, Calvin : Un homme, une oeuvre, un auteur, éditions Infolio, 2009

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