
Les villes, terres des hommes ?
L’intervenante défend tout d’abord la place légitime de la géographie parmi les sciences morales et politiques. Discipline des mœurs, la géographie s’attache à comprendre comment les sociétés habitent et façonnent l’espace ; science politique également, elle éclaire les logiques de la vie collective dans la cité. Trop souvent mal enseignée et réduite à une discipline annexe de l’histoire, elle gagnerait à être réhabilitée pour sa capacité à rendre intelligibles les mutations contemporaines. Parmi celles-ci, la plus décisive est la révolution urbaine survenue au cours du XXè siècle : depuis 2008, l’humanité est majoritairement citadine, une première dans l’histoire. Ce basculement s’est produit en Europe dès le XIXe siècle avec la révolution industrielle, et le point de bascule se produit en France dans les années 1930. Il a bouleversé paysages, modes de vie et catégories statistiques. L’opposition traditionnelle entre ville et campagne, matérialisée dans le paysage par les remparts ou illustrée par la fable du rat des villes et du rat des champs, tend aujourd’hui à s’atténuer, même si elle continue d’éclairer l’histoire sociale et spatiale.