
Les eaux continentales : ressources et problèmes de gestion
Laurent Touchart commence en évoquant la question du volume total de l’hydrosphère et de sa mesure. Un consensus scientifique s’est établi autour d’un chiffre stable, évalué à 1 386 000 000 km3 d’eau. Largement diffusée par l’US Geological Survey, cette estimation trouve en réalité ses origines dans les travaux de géographes russes et austro-allemands des années 1920 à 1950. Les méthodes pionnières – bilans climatiques pour l’école austro-allemande, quantification des eaux souterraines et des pertes par transpiration pour l’école soviétique – avaient déjà fourni des résultats très proches de ceux obtenus aujourd’hui. L’essor des technologies de télédétection et de gravimétrie satellitaire (programme GRACE, 2002-2017) a permis de raffiner les mesures des nappes, glaciers et océans, mais sans modifier de façon significative les ordres de grandeur. La conclusion est claire : les chercheurs du milieu du XXe siècle avaient déjà atteint une précision remarquable, et le volume global d’eau terrestre apparaît comme invariable à l’échelle humaine.