« Justice et politique. Regard sur la justice pendant la guerre d’Algérie »

Avec Sylvie Thénault, historienne, directrice de recherche au CNRS

La période de la Seconde Guerre mondiale et celle de la guerre d’Algérie posent pour les magistrats une question identique : celle de leur rapport au politique dans les circonstances exceptionnelles que les guerres du XXème siècle ont créées pour eux. Dans le contexte de la guerre d’Algérie, qui s’est déroulée de 1954 à 1962, deux faisceaux de raisons ont conduit à ce que les magistrats soient directement impliqués. D’une part, l’Algérie est à l’époque constituée de 3 départements considérés comme partie intégrante du territoire national et les gouvernants veulent traiter ce qu’ils considèrent comme une insurrection comme une affaire interne et non comme une guerre. D’autre part, les formes diverses de combat menés par le FLN, dans les maquis où se bat l’armée de libération nationale mais aussi via des réseaux, appelés par l’armée française l’OPA (organisation politico-administrative du FLN), nécessitent le recours à la justice. C’est cette lutte contre les réseaux du FLN qui explique que cette guerre a pour partie des allures de maintien de l’ordre. Des raisons à la fois politique et militaire expliquent donc l’intervention de la justice et des magistrats dans la guerre.

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