Le musée : conserver sans momifier

Par Bérénice Levet, docteur en philosophie, professeur au Centre Sèvres

Le musée serait de ces institutions qui peuvent contribuer au sauvetage des âmes, à défaut de leur salut, à cette élévation qui fait que l’homme se tient debout, aimanté par des réalités plus vastes que lui. Si l’on en croit le mot de Quatremère de Quincy dont l’actualité reste entière : « L’homme n’est pas aussi capable qu’on semble aujourd’hui le croire, de s’élever tout seul. Il lui faut quoi qu’on en dise un ressort qui le soulève, un aiguillon qui le stimule ». Cet aiguillon nécessaire, ce sont notamment les œuvres d’art auxquelles le musée donne accès. À une époque qui s’emploie à rétrécir l’homme, à l’enfermer dans le cercle étroit de son moi, de ses identités de sexe appelées « genre », de race ou de religion, à l’emprisonner dans la prison du présent et des questions sociétales et écologiques, le musée, parce qu’il réunit le fruit d’une des plus hautes activités humaines, l’activité artistique, est un des lieux qui peut concourir au sauvetage de l’âme. Création occidentale par excellence, il est à protéger et à ériger en haut-lieu du sauvetage des âmes, pour apporter un démenti à l’équation « musée-momification » et contrer les actuelles tentatives de certains responsables des institutions muséales pour les faire évoluer et y insuffler soi-disant la vie.

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