Pour Jeanne seule, Victor Hugo

Lecture par Robert Werner
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Je ne me mets pas en peine

Du clocher ni du beffroi ;

Je ne sais rien de la reine,

Et je ne sais rien du roi ;



J'ignore, je le confesse,

Si le seigneur est hautain,

Si le curé dit la messe

En grec ou bien en latin ;



S'il faut qu'on pleure ou qu'on danse,

Si les nids jasent entr'eux ;

Mais sais-tu ce que je pense ?

C'est que je suis amoureux.



Sais-tu, Jeanne, à quoi je rêve ?

C'est au mouvement d'oiseau

De ton pied blanc qui se lève

Quand tu passes le ruisseau.



Et sais-tu ce qui me gêne ?

C'est qu'à travers l'horizon,

Jeanne, une invisible chaîne

Me tire vers ta maison.



Et sais-tu ce qui m'ennuie ?

C'est l'air charmant et vainqueur,

Jeanne, dont tu fais la pluie

Et le beau temps dans mon coeur.



Et sais-tu ce qui m'occupe,

Jeanne ? c'est que j'aime mieux

La moindre fleur de ta jupe

Que tous les astres des cieux.

Victor Hugo, Pour Jeanne Seule

Cela peut vous intéresser