
Nevermore, Paul Verlaine - XLV, Tristan Derème
Nevermore, Paul Verlaine
Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automne
Faisait voler la grive à travers l’air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
« Quel fut ton plus beau jour ? » fit sa voix d’or vivant,
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.
– Ah ! les premières fleurs, qu’elles sont parfumées !
Et qu’il bruit avec un murmure charmant
Le premier « oui » qui sort de lèvres bien-aimées !
XLV, Tristan Derème
La porte du jardin donne sur la ruelle
Et c’est là qu’un beau soir elle est apparue, elle
De qui l’amour est clair, comme l’aube et l’azur.
Elle m’attend. Le chat s’étire sur le mur.
Elle m’attend. C’est le village après le steppe.
Son sourire est léger comme une aile de guêpe.
Elle m’attend sous la tonnelle de roseaux.
Mon cœur est une cage où chantent mille oiseaux.
Elle m’attend, elle regarde la pendule.
J’arriverai dans la tiédeur du crépuscule,
Et quand je la verrai me tendre les deux mains,
Les roses de juillet pleuvront sur les chemins.