Le Doigt de Dieu, Georges Fourest

Robert Werner lit les poètes
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Il avait violé sa sœur, coupé sa mère

en tous petits morceaux : jugeant la vie amère

et voulant se donner quelque distraction,

il servit à son père une décoction

vénéneuse, du foie et des reins ennemie

(car il avait un peu potassé la chimie).

Cette mixture fit mourir le doux vieillard.

Il était mal poli, journaliste, paillard

trichait au jeu, faisait des vers, fumait la pipe

dans la rue, et le soir se gavait de tripes

à la mode de Caen parmi les croquemorts.

Cependant, il n’éprouvait pas l’ombre d’un remords

et vivait très tranquille et très digne et coulait de

bien beaux jours (comme fait M. Paul Déroulède).

Mais Dieu possède un DOIGT et l’immoralité

ne saurait échapper à la fatalité…

Un matin, comme il avait fait la grande fête

Un pot de réséda lui tomba sur la tête,

et le Seigneur l’admit au Paradis profond

car il était plus vif que méchant dans le fond.

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