La verdure dorée, Tristan Derème

Robert Werner lit les poètes
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Nous nous taisons. Le vent balance
Les deux saules sur l’abreuvoir ;
Et je sais malgré ton silence
Que ce soir est le dernier soir.

Adieu. Les feuilles tombent. Lune
Coutumière. Décor banal.
Tourterelles, crépuscule. Une
Étoile, comme un point final.

Tu as la force de sourire
Et dans mon cœur je reconnais
L’odeur des buis que l’on respire
Dans les jardins abandonnés.

Six heures tombent de l’horloge
Comme six noix dans un chaudron
Déjà le soir triste grelotte
Sous un lourd nuage marron.

Elle, naguère sous le saule
À cette heure elle souriait…
Faudra-t-il que je me console
De son doux regard inquiet ?

Roses chaudes de sa jeunesse,
Hélas ! j’en ai mal à mourir.
Comme un colibri dans la neige
Mon cœur se glace au souvenir.

Et ce soir morose d’automne
Dans le vieux jardin qu’elle aima,
Il tombe d’un marronnier jaune
Des feuilles sur mon panama.

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