Chanson dada, Tristan Tzara

Lecture par Robert Werner
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Robert Werner, correspondant de l’Académie des beaux-arts, lit « Chanson dada », de Tristan Tzara (1896-1963)

I



la chanson d'un dadaïste qui avait dada au cœur 

fatiguait trop son moteur qui avait dada au cœur

l'ascenseur portait un roi lourd fragile autonome il coupa 

son grand bras droit l'envoya au pape à Rome

c'est pourquoi

l'ascenseur

n'avait plus dada au cœur

mangez du chocolat

lavez votre cerveau

dada

dada

buvez de l'eau



II



la chanson d'un dadaïste qui n'était ni gai ni triste et aimait 

une bicycliste qui n'était ni gaie ni triste

mais l'époux le jour de l'an savait tout et dans une crise envoya au 

Vatican leurs deux corps en trois valises

ni amant

ni cycliste

n'étaient plus ni gais ni tristes

mangez de bons cerveaux

lavez votre soldat

dada

dada

buvez de l'eau



III



la chanson d'un bicycliste qui était dada de cœur

qui était donc dadaïste comme tous les dadas de cœur

un serpent portait des gants il ferma vite la soupape

mit des gants en peau d'serpent et vint embrasser le pape

c'est touchant

ventre en fleur

n'avait plus dada au cœur

buvez du lait d'oiseaux

lavez vos chocolats

dada

dada

mangez du veau

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