René de Obaldia lit des passages de son œuvre Les Innocentines

Quand l’auteur se fait lecteur, l’auditeur trouve son bonheur...
René de OBALDIA
Avec René de OBALDIA de l’Académie française,

Le poète René de Obaldia, de l’Académie française, se dévoile en lisant quelques extraits de son recueil : Les Innocentines. Une plume de talent au service d’une âme d’enfant.

C'est en 1918 que le jeune René de Obaldia, né à Hong Kong en 1918, d'un père panaméen et d'une mère française, « entre en littérature » ; lorsqu'une qu'une de ses œuvres arrive sur le bureau de l'éditrice Clara Malraux. Ce premier succès marque le début d'une longue carrière durant laquelle il a abordé tous les genres avec toujours autant de talent. Sa plume, plusieurs fois récompensée par de prestigieux prix dont le Grand prix du théâtre de l’Académie française (en 1985) et le Molière du meilleur auteur (en 1993), lui a valu une réputation internationale.

Ainsi, en 1999, ce fameux représentant des lettres françaises entre à l'Académie au fauteuil 22, succédant à Julien Green.



Ce poème, « Chez moi », est extrait de l'œuvre Les Innocentines, parue en 1969 et Grand prix de la poésie de la SACEM (1988).



« Chez moi, dit la petite fille

On élève un éléphant.

Le dimanche son oeil brille

Quand Papa le peint en blanc.



Chez moi, dit le petit garçon

On élève une tortue.

Elle chante des chansons

En latin et en laitue.



Chez moi, dit la petite fille

Notre vaisselle est en or,

Quand on mange des lentilles

On croit manger un trésor.



Chez moi dit le petit garçon

Nous avons une soupière

Qui vient tout droit de Soissons

Quand Clovis était notaire.



Chez moi dit la petite fille

Ma grand-mère a 100 000 ans

Elle joue encore aux billes

Tout en se curant les dents.



Chez moi dit le petit garçon

Mon grand-père a une barbe

pleine, pleine de pinçons

Qui empeste la rhubarbe.



Chez moi dit la petite fille

Il y a trois cheminées

Et lorsque le feu pétille

On a chaud de trois cotés.







Chez moi, dit le petit garçon

Vit un empereur chinois.

Il dort sur le paillasson

Aussi bien qu’un Iroquois.



Iroquois ! dit la petite fille.

Tu veux te moquer de moi.

Si je trouve mon aiguille,

Je vais te piquer le doigt !



Ce que c’est d’être une fille !

Répond le petit garçon.

Tu es bête comme une anguille

Bête comme un saucisson.



C’est moi qu’ai pris la Bastille

Quand t’étais dans les oignons.

Mais à une telle quille

Je n’en dirai pas plus long !
»

 

 



***



Dans le même recueil, les grands enfants pourront lire « Antoinette et moi » :



« Antoinette et moi

On va dans les bois

On connait un coin

Ou il n'y a que des lapins



Antoinette et moi

On va dans les bois

C’est à qui des deux

Grandira le mieux.



Quand on sera grand

On s'ra des amants

On s’embrassera

Comme Élise et Nicolas



Mais il faut pousser

Pour bien s’emboîter

Et pas avoir peur

De perdre sa pudeur.



On s'ra des amants

Des bouches des bras

Des regards flambants,

Des et caetera.



Mais il faut grandir

on est trop petit

c’est comme un navire

qui s'rait pas bati.



Antoinette et moi

On va dans les bois

Pour grandir ensemble

Un peu chaque fois



Elle me tire les jambes

Je lui tire les bras,

Elle me tire la langue,

Je lui tire les doigts



À froce de tirer

De nous faire craquer

On doit bien gagné

Un peu de chaque coté.



Parfois on s'met nus

Quand y a du soleil

Ça frappe la vue

Qu’on est pas pareil



Mais on est bien fait

Pour se délecter

Sa peau c’est du lait

Et moi j’suis du thé



Et quand on s’endort

Tous les deux comme ça

Je sens très très fort

Que je ne mourrai pas.
»









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