
Rencontre avec Christophe Pellet lauréat du prix du jeune théâtre Béatrix Dussane-André Roussin
« On peut raccorder le théâtre de Christophe Pellet, qui se détache, en France, du peloton des jeunes dramaturges, au théâtre de la cruauté cher à Antonin Artaud. Ses personnages s’entrechoquent, selon la comparaison imagée de M. Angelo Rinaldi, comme des boules de billard sur le tapis de feutre, pour s’éloigner, ensuite, à proportion de cette violence. C’est qu’ils ont découvert dans leurs interlocuteurs défauts et vices qu’ils vont en même temps déceler chez eux-mêmes. Et malgré leur répulsion, une aimantation les ramène à leur point de départ, coupant leur texte de plaintes rêvées, respiration suspendue, lèvres entrouvertes sans un mot parfois.
Ils semblent ainsi prolonger le cri de Munch, avant de s’éloigner à jamais chacun de son côté, « la bouche pleine d’ombre, les yeux pleins de gémissements », dirait Cocteau. Et riches seulement d’une vérité qui les écrase dans un monde dont ils n’ont rien à attendre, ce qu’ils ignoraient encore ». Tels sont les mots par lesquels Michael Edwards, de l’Académie française, présentait l’œuvre de Christophe Pellet, lors de son discours sur les prix littéraires de 2017.