Doyle Calhoun : Raconter les suicides d'esclaves

Des histoires qui sortent du silence

Alors qu’il travaille sur l'œuvre du réalisateur Ousmane Sembène, Doyle Calhoun découvre un épisode marquant de l’histoire sénégalaise : le Mardi de Nder. Ce jour de novembre 1819, des femmes refusèrent de tomber entre les mains d’esclavagistes maures en s’immolant de façon dramatique. Le chercheur américain entreprend alors une thèse sur le sujet, car le suicide était une pratique de résistance répandue sous l’esclavage aux XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles. Malheureusement, les traces de ce phénomène dans les sources historiques sont rares. Doyle Calhoun démontre toute l’importance de la littérature, qu’il considère comme une “archive alternative” pour combler les silences de l’histoire et présenter une facette méconnue de l’esclavage. Il met ainsi en lumière le travail d’écrivains contemporains qui reconstituent le destin héroïque de femmes et d’hommes oubliés, aux Antilles, au Sénégal ou en Algérie.

Spécialiste des études postcoloniales francophones, et ancien doctorant de l’Université de Yale, Doyle Calhoun enseigne actuellement à l’Université de Trinity, dans le Connecticut aux États-Unis. Il a bénéficié en 2021 d’une bourse de la Bibliothèque Marmottan, de l'Académie des beaux-arts, pour terminer sa thèse.  

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