Chine maritime et nouvelle Méditerranée asiatique, par François Gipouloux, directeur de recherches au CNRS

Une communication donnée en séance à l’Académie des sciences morales et politiques le lundi 11 juin 2012
Marianne BASTID-BRUGUIERE
Avec Marianne BASTID-BRUGUIERE
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

La Chine, c’est un immense territoire continental auquel il faut ajouter désormais une dynamique zone périphérique maritime. En ce sens, on peut établir une comparaison avec la Méditerranée du Moyen Âge.
Ce basculement vers la mer, la reconquête du centre par la périphérie, ces deux dynamismes différents, le territorial et le maritime : tel est le thème traité par François Gipouloux, directeur de recherches au CNRS et éminent spécialiste des pays chinois et japonais. Il a été invité à exposer son point de vue devant les membres de l’Académie des sciences morales et politiques réunis en séance le lundi 14 mai 2012, intitulant sa communication : "Méditerranée asiatique et retour de la Chine au centre".

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Entrez grâce à Canal Académie dans la salle des séances. Vous entendrez d’abord la présidente pour l’année 2012, Marianne Bastid Bruguière, qui présente, en le résumant, le parcours de François Gipouloux.

Rappelons que le texte ci-dessous ne constitue qu'un résumé de la communication donnée par François Gipouloux et qu'il convient d'écouter l'intégralité de l'émission pour avoir accès à toutes les précisions, indications et nuances fournies par ce dernier. L'intégralité du texte est disponible sur le site de l'Académie : www.asmp.fr

Les réformes économiques et l'ouverture à l’œuvre en Chine depuis la fin des années 1970 ont considérablement renforcé les fonctions internationales des grandes métropoles de la façade maritime.
En d'autres termes, l'espace économique chinois est arraché à sa profondeur continentale par une zone maritime très dynamique, et une frontière invisible se forme entre la Chine maritime, marchande, très internationalisée, échangeant plus avec les grandes métropoles asiatiques qu'avec son arrière-pays, et une Chine continentale, agraire, bureaucratique, et encore relativement autarcique.

Ce basculement vers la mer est la réactivation d'une tradition maritime très ancienne en Chine.
Inaugure-t-il la formation d’une Méditerranée asiatique, sur le pourtour de laquelle les grandes métropoles de Hong-Kong, Shanghai, Singapour, seraient les points d'ancrages des flux économiques internationalisés ?
Comment ces mégalopoles s'intègrent-elles dans la nouvelle géographie du pouvoir économique ?
Assiste-t-on à un basculement de la Chine vers la mer ? Où seront les nouvelles Venise, Gênes, Bruges ou Amsterdam du XXIe siècle ?

Le concept de Méditerranée sera traité ici non pas dans un sens géographique, ni même comme un objet historique, mais comme un modèle d'innovation institutionnel : une configuration polycentrique des centres urbains.
Gênes ou Venise étaient en leur temps des places commerçantes, qui tiraient leur autonomie de leur situation particulière, à l'articulation de plusieurs juridictions, rivales les unes des autres. Leur puissance navale permettait de sécuriser les voies maritimes, sans qu'elles ne manifestent, au début du moins, d'ambitions territoriales.
La gestion des opérations commerciales et le transport des richesses comptaient plus que le contrôle sur un territoire en particulier ou l'extraction fiscale sur une population donnée.

Le retour de la Chine au centre du jeu économique mondial sera questionné à partir des mécanismes qui, hier comme aujourd'hui, menacent la pérennité de la richesse de ses marchands et de ses entrepreneurs : l'obsession de l'argent rapide et l’instabilité des affaires, la nécessité de cultiver des liens solides avec un pouvoir... imprévisible voire instable, l'absence de procédures juridiques qui permettent la transformation de l'épargne en capital.

Pour aller plus loin :

Le texte de cette communication peut être lu dans son intégralité sur le site de l'Académie des sciences morales et politiques

Toutes les communications de l’année 2012, série intitulée par la présidente Marianne Bastid Bruguière, Asymétries et forces neuves du monde actuel sont enregistrées par Canal Académie, disponibles à l’écoute et au téléchargement et en libre accès permanent.

Écoutez : L’Asie du Sud-Est aujourd’hui...

- Sur la Chine, deux autres séances académiques à écouter :
- Les pratiques religieuses dans la Chine contemporaine, par Vincent Goossaert, directeur de recherches au CNRS
- Le passé chinois du point de vue de la philosophie politique, par Jean François Billeter, sinologue

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