Cellules-souches : du mythe à la réalité

par Marie-Louise Labat
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

En novembre 1998, l’américain J.A. Thomson réussit à extraire des cellules-souches, à partir d’un embryon humain. Elles ont l’intérêt d’être capables de se transformer en tous les types de cellules qui composent l’organisme. On pensait alors qu’elles pourraient réparer tous les tissus humains défaillants et pourraient guérir des maladies comme celle d’Alzheimer ou de Parkinson. Marie Louise Labat, 9 ans après cette découverte fait le point de l’avancée des recherches et interroge : "L’embryon est-il encore la seule source de cellules capables de se différencier en tous les types tissulaires de l’organisme ?" Ecoutez sa communication, le 8 octobre 2007, devant les membres de l’Académie des sciences morales et politiques.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : es303
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Nos conceptions des cellules-souches ont considérablement évolué au cours de la décennie passée.

On sait maintenant qu'il faut distinguer entre les cellules-souches impliquées dans la formation d'organes et les cellules-souches de réserve dites "cellules-souches adultes qui retiennent les caractéristiques de celles de l'embryon précoce au stade de la pluripotence et qui persistent pendant toute la vie d'un individu". On les distingue ainsi des cellules-souches embryonnaires.

Quelles sont les similitudes et les différences majeures entre ces deux types de cellules-souches ? Peuvent-elles nous réparer et comment ? Pour Marie-Louise Labat, les lignées issues des cellules-souches embryonnaires prolifèrent à l'infini. Aussi, transplantées dans un organisme, elles forment des tumeurs cancéreuses. Il faudrait pouvoir arrêter leur prolifération en induisant leur différenciation.

Pour le moment aucun traitement des maladies qu'on pensait pouvoir traiter en 1998 par les cellules souches n'a été mis au point.

Marie-Louise Labat s'intéresse aux cellules-souches adultes pluripotentes, mises en évidence dans le pancréas, le cerveau, le sang, la moelle osseuse et dans le sang du cordon ombilical. Ces cellules sont en réserve, dès le développement de l'individu et persistent durant toute la vie de l'organisme, en petit nombre. Elles ont l'avantage de se différencier pour assurer le maintien de l'intégrité de l'organisme. Elles assurent le remplacement des cellules vieillies ou endommagées. Pour Marie-Louise Labat, à l'heure actuelle, seules les cellules-souches adultes peuvent être utilisées pour la thérapie cellulaire. «Elles semblent donner des résultats intéressants dans les cas suivants : infarctus du myocarde, blessures cutanées, cécité, ostéogénèse imparfaite, maladie de Parkinson, lésions de la moelle épinière. Dans la majorité des cas, il s'agit de transplantations de cellules-souches adultes autologues fournies par le patient lui même.»

Pour en savoir plus

- Sur les cellules-souches : dossier des cellules-souches, dans le biomagazine du site internet Science-Actualités de la Cité des sciences et de l'industrie.
- Sur l'histoire de la médecine, pour situer la biomédécine : l'article de l'historien Jean-François Picard de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, extrait de la Revue M/S médecine/sciences, n.1, vol.12, janvier 1996,

- Sur Marie-Louise Labat

Marie-Louise Labat (née en 1940) a été nommée directeur de recherche de première classe du CNRS, en 1991. L'étude des maladies osseuses est le fil conducteur de sa carrière. Le prix Nativelle lui a été décerné en 1991, pour l'ensemble de ses travaux. En 1989, en effet, elle mit en évidence dans le sang d'un malade, la présence d'une cellule-souche d'organes échappant à tout contrôle par les lymphocytes T. En 2005, elle reçut le Prix Eloi Collery de l'Académie de médecine. Depuis 2002, elle est expert au Conseil de l'Europe et au parlement européen, pour les questions relatives aux cellules-souches.

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