Joseph JOFFRE

de l’Académie française,

Né à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), le 12 janvier 1852.

Fils d’un viticulteur aisé, Joseph Joffre effectua ses études secondaires au lycée de Perpignan, puis à Paris au lycée Charlemagne. En 1869, il réussit le concours de l’École Polytechnique. Un an plus tard, il prenait part à la guerre comme sous-lieutenant du génie, et fut affecté à la défense d’un fort parisien.

Promu au grade de capitaine en 1876, il fut affecté pendant quelques années à des travaux de fortification dans le Jura, puis revint en poste près de Paris. C’est cependant aux colonies qu’il allait effectuer une grande part de sa carrière. Nommé outre-mer en 1885, il partit d’abord pour le Tonkin, puis pour le Soudan où il fut chargé de diriger la réalisation d’un chemin de fer. Il s’illustra dans la région en devenant maître de Tombouctou et en assurant les bases de la domination française, ce qui lui valu d’être promu au grade de lieutenant-colonel.

En 1897, il fut fait colonel, puis, en 1902, après un séjour à Madagascar, reçut ses étoiles de général de brigade. Directeur du génie au ministère de la Guerre, puis divisionnaire en 1905, il fut nommé en 1910 membre du Conseil supérieur de la guerre. L’année suivante, il était choisi pour assumer les fonctions de chef d’État-major général. C’est son passé de franc-maçon qui lui valut d’être préféré pour ce poste au général Pau dont la tendance « cléricale » était notoire.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, la France lui fut redevable de la victoire de la Marne. Mais, partisan de la stratégie dite du « grignotage », Joffre, en tant que généralissime, fut cependant comptable du tragique enlisement de nos armées à Verdun, la plus longue et meurtrière bataille de toute l’histoire, et de l’échec de l’offensive de la Somme. Discuté également pour son attitude peu coopérative vis-à-vis du pouvoir civil, il se vit ôter une partie de ses responsabilités et préféra alors démissionner. Il fut remplacé par le général Nivelle. Il fut fait, toutefois, maréchal de France, le 25 décembre 1916, dignité qui n’avait plus été accordée depuis plus de vingt ans. Jusqu’à la fin des hostilités, son rôle allait dès lors de limiter à des missions à l’étranger (au Japon et en Amérique), qui étaient essentiellement de prestige.

Il défila aux côtés de Foch et de Pétain, lors du défilé de la Victoire, le 14 juillet 1919 ; et il aurait droit, au terme de ses jours, à de superbes funérailles nationales.

Le maréchal Joffre fut élu à l’Académie française le 14 février 1918, à l’unanimité des 23 votants, au fauteuil de Jules Claretie. Son élection marquait la reprise des scrutins, après l’interruption des années de guerre qui laissait neuf fauteuils vacants. L’unanimité qu’il suscita inaugurait véritablement ce phénomène de « plébiscite » qui avait déjà marqué en 1912 l’élection du futur maréchal Lyautey, et que l’on devait appeler les « élections de maréchal ». Reçu le 19 décembre 1918 par Jean Richepin, il assista à la cérémonie, dans son uniforme de général d’armée, et non en habit vert que seuls les ecclésiastiques et les généraux en chefs sont dispensés de porter en la circonstance.

Dans La Vieille Dame du quai Conti, le duc de Castries rapporte au sujet de Joffre et de son attitude plutôt passive lors des séances du Dictionnaire l’anecdote suivante. Alors qu’on définissait le mot « mitrailleuse », le maréchal fut tiré de son somme et prié d’apporter ses lumières : « C’est une sorte de fusil qui fait pan, pan, pan », se borna-t-il à dire, et il referma les paupières.

Mort le 3 janvier 1931.

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