Jean-François MATTEI

Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Après un baccalauréat de Philosophie (1961) Jean-François Mattei fait ses études de médecine à Marseille : concours de l’internat (1968), service national au titre la coopération (1968-1970) à Dakar marqué par un travail de recherche sur la malnutrition protéique du nourrisson africain (Kwashiorkor). Il devient spécialiste en pédiatrie avec une orientation vers la génétique médicale, nouvelle discipline qu’il fallait construire et développer. Il soutient sa thèse de doctorat en médecine consacrée à la trisomie 21 et devient chef de clinique-assistant (1974). Après avoir soutenu une thèse de doctorat de sciences (1980) sur les aspects génétiques de la trisomie 21, Jean-François Mattei est nommé professeur agrégé de pédiatrie et génétique médicale en 1981. Il crée un département de génétique médicale à part entière (1984) avec unité de consultations, service de diagnostic prénatal pluridisciplinaire et laboratoire de cytogénétique et génétique moléculaire et préside pendant huit ans la section de génétique au CNU. En 1990, Jean-François Mattei organise un enseignement d’éthique médicale sous la forme d’un DIU puis Master. En 1995, il crée l’Espace éthique méditerranéen au CHU de Marseille pour implanter l’éthique médicale au cœur de l’hôpital et sensibiliser les étudiants, les soignants et les administratifs à cette dimension essentielle de la médecine. Il est élu à l’Académie nationale de médecine en 1997 comme membre correspondant puis membre titulaire en 2000.

Engagé dans la vie publique comme conseiller municipal de Marseille (1983-1995), puis adjoint au Maire, Jean-François Mattei est chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de la lutte contre le sida et les toxicomanies ainsi que du dialogue interreligieux (1995-2007). Élu député de Marseille (1989 à 2002), il est membre du Comité consultatif national d’éthique (1993-1997) et rapporteur des premières lois dites de Bioéthique en 1994. Auteur de deux lois sur l’adoption, nationale puis internationale (1996 et 2001). Membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) il est l’auteur de cinq rapports parlementaires sur la bioéthique, l’adoption, l’encéphalopathie spongiforme bovine, les liens entre la santé et l’environnement et enfin sur la formation des professions de santé. De 1997 à 2002, Jean-François Mattei est membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Strasbourg) et de son Comité d’éthique occupé à préparer la Convention d’Oviedo destinée à proposer une éthique partagée par les pays européens. En 1998, il est sollicité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme « temporary adviser » sur les problèmes éthiques liés aux avancées des techniques génétiques. De 2002 à 2004, Jean-François Mattei est nommé ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées : son passage à ce poste est notamment marqué par le plan Hôpital 2007 (basé sur l’investissement et la gouvernance partagée), la loi de Santé publique refondatrice et la révision des lois de Bioéthique. Il prépare la loi destinée aux personnes en situation de handicap « Loi pour l’égalité des droits et des chances » adoptée le 11 février 2005 ; il crée l’Agence de la biomédecine, la Haute Autorité de santé et transforme de l’École nationale de santé publique de Rennes en École des hautes études en santé publique (EHESP) qui obtient le statut de grand établissement ; il est le président de son Conseil d’administration après son installation (2007-2012).

Nommé conseiller d’État en service extraordinaire affecté à la section des Affaires sociales (2004-2008), Jean-François Mattei est élu à la présidence de la Croix-Rouge française (2004-2013) ainsi qu’au conseil d’administration de la Fédération internationale Croix-Rouge et Croissant-Rouge à Genève (2005-2013). La publication de trois ouvrages consacrés à l’humanitaire en propose une vision nouvelle prenant en compte l’autonomie de décision des pays bénéficiaires. Cette autonomie souligne l’introduction nécessaire de la réflexion éthique dans l’action au service des plus démunis. En 2013, il crée le Fonds de dotation de la Croix-Rouge française et le préside jusqu’en 2017. Il a présidé le Conseil scientifique de la Fondation Croix-Rouge française qui s’est substituée au Fonds, de 2018 à 2020. Il a été élu à la présidence de l’Académie nationale de médecine pour 2020, année du bicentenaire de l’Institution.

Élu en 2015 à l’Académie des sciences morales et politiques de l’Institut de France dans la section Morale et Sociologie Jean-François Mattei préside un groupe de travail intitulé « Nouvelles technologies et société » dont le rapport a inspiré l’avis de l’Académie sur la révision des lois sur la bioéthique du 15 octobre 2018.

Il est l’auteur, toutes disciplines confondues (pédiatrie, génétique, éthique et humanitaire), de plus de 550 publications et de 25 livres, principalement des essais consacrés à l’éthique mais aussi des ouvrages de fiction scientifique ou autobiographique.

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