Isolement, Petrus Borel

Lecture par Robert Werner
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Gui ! liane ! palmier ! mon âme vous envie !
Mon coeur voudrait un lierre et s'enlacer à lui.
Pour passer mollement le gué de cette vie,
Je demande une femme, une amie, un appui !

- Un ange d'ici-bas ?... une fleur, une femme ?...
Barde, viens, et choisis dans ce folâtre essaim
Tournoyant au rondeau d'un preste clavecin. -
Non ; mon coeur veut un coeur qui comprenne son âme.

Ce n'est point au théâtre, aux fêtes, qu'est la fille
Qui pourrait sur ma vie épancher le bonheur :
C'est aux champs, vers le soir, groupée en sa mantille,
Un Verther à la main sous le saule pleureur.

Quand viendra cette fée ? - En vain ma voix l'appelle !
Apporter ses printemps à mon coeur isolé.
Pourtant jusqu'aux cyprès je lui serais fidèle !
Sur la plage toujours resterai-je esseulé ?

Sur mon toit le moineau dort avec sa compagne ;
Ma cavale au coursier a donné ses amours.
Seul, moi, dans cet esquif, que nul être accompagne,
Sur le torrent fougueux je vois passer mes jours.

 

Isolement, Petrus Borel 

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